Florian Philippot, tête de liste des Patriotes aux européennes et partisan du Frexit, a assuré le 6 mai à l'AFP avoir proposé à François Asselineau, autre défenseur d'une sortie de la France de l'Union européenne («Frexit»), de faire liste commune moyennant une contribution de 300 000 euros. Selon le président des Patriotes, une telle liste «aurait pu donner de la force au Frexit».
François Asselineau, président de l'UPR (Union populaire républicaine) et également tête de liste aux européennes, a expliqué, dans une vidéo de son parti diffusée le 4 mai, que Florian Philippot «avait demandé la troisième place en nous donnant 300 000 euros» mais que son bureau national avait voté «à 100%» contre.
Donner de la force au Frexit
A l'AFP, Florian Philippot a expliqué que son projet était «de faire une liste 50% UPR et 50% Patriotes». «Chaque parti apportait une contribution financière, nous avions proposé de notre côté 300 000 euros», a-t-il ajouté.
Il a précisé qu'il aurait été «prêt à accepter» la troisième place «pour la cause» alors même que les Patriotes sont «systématiquement devant eux dans les sondages». Cette formation est en effet créditée dans le dernier sondage Elabe/BFM TV du 7 mai de 2% et l'UPR de 0,5% des intentions de vote (les candidats aux élections européennes doivent recueillir 3% des voix pour être remboursés de leurs frais de campagne, et 5% pour obtenir au moins un élu).
Pourtant, la version de l'ancien bras droit de Marine Le Pen ne colle pas avec celle de l'UPR, qui a délivré un communiqué le 7 mai après avoir lu les différentes déclarations de Florian Philippot via l'AFP.
Dans un premier temps, pour le parti de François Asselineau, Florian Philippot a fait croire «qu'il aurait proposé un accord électoral d'égal à égal à l'Union populaire républicaine (UPR)».
«Or cela est totalement faux», se scandalise l'UPR, qui ajoute que Les Patriotes auraient seulement souhaité que «deux, trois autres personnes» de leur organisation soient intégrées sur la liste commune, «sans en préciser les noms ni formuler d'exigence de rang à leur sujet». «Bien loin, donc, de la liste "50% UPR et 50% Patriotes" dont a parlé Monsieur Philippot à l'AFP. Il ne s'agissait à l'évidence pas d'un point important de la négociation pour Monsieur Philippot», développe le communiqué de presse de l'UPR.
Florian Philippot aurait tendu des mains... sans succès
Et le parti de l'ancien candidat à la présidentielle de pester de nouveau quand il découvre, le 6 mai, par le biais du journal L'Opinion, que Florian Philippot aurait tenté une approche avec la liste de Nicolas Dupont-Aignan, leader de Debout La France (DLF). D'après le quotidien, Florian Philippot aurait ainsi tenté sa chance, selon plusieurs sources de Debout La France et des Patriotes. Il aurait même proposé à DLF, par l'intermédiaire de plusieurs émissaires, un soutien financier à hauteur de 400 000 euros, comme l'a confirmé Nicolas Dupont-Aignan à L’Opinion. L'un des émissaires de Florian Philippot, Bertrand Dutheil de la Rochère, a lui-même attesté que des contacts avaient été pris début avril 2019 avec DLF. Bertrand Dutheil de la Rochère a par la suite ajouté auprès de l'AFP avoir parlé à Jean-Philippe Tanguy, numéro trois sur la liste de DLF mais «qu'à partir du moment où DLF ne v[oulait] pas du Frexit, [Les Patriotes ne pouvaient] pas faire d'accord.»
Une posture d'une tartufferie sans égale
Pour l'UPR, pas de doute : Florian Philippot a tenté de «prendre la pose du rassembleur pro-Frexit, posture d'une tartufferie sans égale» : «Monsieur Philippot est prêt à figurer sur une liste anti-Frexit et à abandonner en rase campagne s'il le faut ses propres troupes des Patriotes. Chacun appréciera. Monsieur Philippot est prêt à payer 300 000 euros pour sortir de l'Union européenne avec l'UPR, mais 400 000 euros pour y rester avec DLF : la seule chose qui compte pour lui est de garder son mandat de député européen, avec la protection et la confortable rémunération qui vont avec.»
Florian Philippot affirme en revanche qu'il était «faux» que le représentant des Patriotes, Bertrand Dutheil de la Rochère, ait fait une proposition similaire au parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France (DLF), moyennant 400 000 euros.
In fine, non seulement ces mouvements eurocritiques semblent à mille lieues de toute union, mais le fossé qui les sépare pourrait désormais s'avérer insurmontable.
La version initiale de ce papier, publiée le 7 mai, a été mise à jour compte tenu de tous les nouveaux éléments relatifs au sujet.
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