L'Union nationale des étudiants de France (UNEF), syndicat étudiant qui a multiplié ces derniers mois les coups d'éclat, fait encore parler de lui. Alors qu'au soir du 15 avril, la consternation dominait après l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, deux responsables de l'organisation ont suscité la colère de nombreux internautes en se moquant du drame.
Hafsa Askar, vice-présidente de l'UNEF Lille, s'est ainsi empressée de tweeter un message : «Je m'en fiche de Notre-Dame-de-Paris car je m'en fiche de l'histoire de France.»
Quatre minutes plus tard, elle ajoutait : «Jusqu’à les gens ils vont pleurer pour des bouts de bois. Wallah vous aimez trop l'identité française alors qu'on s'en balek objectivement, c'est votre délire de petits blancs.»
30 minutes plus tard, ce fut au tour d'Edouard Le Bert, membre du Bureau National de l'UNEF, d'ironiser sur la catastrophe, dans laquelle il ne voyait qu'un feu dans un édifice lambda : «Ça y est, drame national, une charpente de cathédrale brûle.»
Les réactions n'ont pas tardé. Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, a dénoncé des «polémiques vaines [et des] propos outranciers».
Laurent Bouvet, cofondateur du Printemps républicain, a sévèrement critiqué le syndicat étudiant : «Cela fait un moment qu'on alerte au sujet de la dérive de l'UNEF. Ce soir, à l'occasion de ce drame national, le naufrage est définitif.»
Gilles-William Goldnadel, président d’Avocats sans frontières, a déclaré que son organisation allait déposer plainte, évoquant des polémiques survenues ces derniers mois : «Une présidente voilée, des camps racisés.»
Face à la déferlante de messages indignés et parfois agressifs, Hafsa Askar et Edouard Le Bert ont supprimé leurs messages polémiques, et ont restreint, voire supprimé l'accès à leur compte.
Sommée de réagir, la présidente de l'UNEF, Mélanie Luce, a commencé par formuler une réponse jugée ambiguë, dans laquelle elle condamnait les menaces de viol adressées à Hafsa Askar, sans désavouer pour autant ces membres de l'UNEF. Concédant que la France vivait une «soirée déplorable», elle a précisé que rien ne justifiait «d'insulter, d'harceler, de menacer de viol» des «personnes qui se sont pas d'accord».
Des précédents avec un tweet recommandant de «gazer tous les blancs»
Le lendemain, interrogée par Le Figaro sur cette réponse jugée timorée par ses détracteurs, Mélanie Luce a regretté le fait de ne pas avoir «été assez claire», et a souligné que les «positions» des deux membres n'étaient «pas celles de l’UNEF», en décrivant des «propos inacceptables, sur le fond et sur la forme».
L'organisation syndicale a ensuite clarifié sa position sur Twitter : «L’UNEF ne s’associe en aucun cas aux propos remettant en cause le drame d’hier.»
Dans Le Figaro, la présidente de l'UNEF ne s'est pas départie de son combat antiraciste : «Notre-Dame n’est ni pour les blancs, ni pour les racisés, elle est emblématique pour tous». En revanche, elle n'a pas évoqué de sanction quelconque vis-à-vis des deux syndicalistes, qu'appelaient pourtant de nombreux internautes scandalisés : «On aura des discussions avec eux dans les prochains jours, pour faire en sorte que ce genre de propos ne se reproduise pas sur les réseaux sociaux ou de manière générale.», a simplement déclaré Mélanie Luce.
Pourtant, Hafsa Askar, épinglée par le passé sur Twitter pour des messages anti-blancs, n'en était pas à son coup d'essai. Elle avait déjà été dénoncée par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui l'accusait d'avoir publié, parmi une série de tweets racistes en 2014 et 2015, le mémorable message, cité par Le Point : «On devrait gazer tous les blancs, cette sous-race.»
L'UNEF, qui multiplie les polémiques, est accusé par l'écrivain Pierre Jourde de générer des «crispations identitaires». Leur dernière campagne antiraciste publiée le 8 avril, qui distinguait «les dominants assimilés aux personnes blanches et les dominés aux personnes non-blanches», a fait grincer des dents. Quelques jours plus tôt, l'UNEF s'était rangé aux côtés d’associations antiracistes pour exiger la censure d'une pièce dans laquelle intervenaient des comédiennes qui arboraient des blackfaces. Le syndicat étudiant, qui s'était positionné contre le port du voile à l'université en 2013 avait élu une étudiante voilée à la tête de l'UNEF Sorbonne en 2018.
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