«Arrêt immédiat de toute immigration, y compris et surtout celle qui est liée au regroupement familial», la première phrase du premier point du programme en cent une propositions de la «Ligne claire», menée par Renaud Camus donne le ton. A 72 ans, l’essayiste et théoricien du «grand remplacement», qui fut dans une autre vie engagé à gauche, a décidé de porter ses idées au vote devant «l'opacité» des autres listes devant ce qu'il qualifie de «génocide par substitution».
Le président du parti identitaire Siel (Souveraineté, identités et libertés) Karim Ouchikh, figure quant à lui en troisième position sur la liste. Les deux hommes avaient annoncé leur projet de liste en octobre 2018.
L'objectif de l'intellectuel : combattre le «remplacisme», assimilé à un «totalitarisme», reposant sur une vision «matérialiste et basse, cynique, post-industrielle et même post-humaine, antispiritualiste et purement économique de l’homme».
Si le programme s'articule, de façon attendue principalement, autour de la lutte contre l'immigration et préconise une limitation drastique de l'exercice du culte musulman en France (interdiction de l'abattage halal, de la construction de nouvelles mosquées, interdiction des prêches en langues extra-européennes), d'autres aspects plus surprenants y figurent comme la notion d'écologie «antiremplaciste» [«tout antiremplacisme étant immédiatement écologique», précise le texte] ou encore l'idée de la création d'un Etat chrétien en Orient, «probablement un Grand Liban», figurent aussi dans les «Cent une propositions».
Le «point central [du] programme politique» annoncé : le principe de «remigration», voulu «pacifique», soit l'incitation au retour des immigrés extra-européens et de leurs descendants dans leurs pays d'origine. Une «pension à vie de huit cents euros par mois», qui entrerait dans le «budget de l’aide aux pays en voie de développement», est prévue à cet effet.
Une théorie controversée
Généralement dénoncée comme conspirationniste et raciste par ses détracteurs, la notion de «grand remplacement» connaît cependant un certain succès auprès des militants anti-immigration qui usent régulièrement du terme.
La théorie a essuyé une nouvelle salve de critiques en mars lorsque l'expression fut utilisée en titre de manifeste par le terroriste d'extrême-droite australien Brenton Tarrant avant d’assassiner 50 personnes dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Dans ce texte, il présentait la situation migratoire française et la victoire d'Emmanuel Macron contre Marine Le Pen en 2017 comme un des éléments l'ayant décidé à passer à l'acte.
Renaud Camus, de son côté, avait dénoncé un «terroriste épouvantable», s'étant livré à une «utilisation abusive» de sa thèse. Il avait enfin comparé Brenton Tarrant aux terroristes islamistes dont les attaques en France ressemblent selon lui «le plus à son crime».