France

Yves Rocher visé par une enquête liée à l'affaire Navalny

La société de cosmétiques Yves Rocher est visée par une information judiciaire pour «dénonciation calomnieuse» à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile déposée par l'opposant russe Alexeï Navalny et son frère.

Une information judiciaire pour «dénonciation calomnieuse» visant la société de cosmétiques Yves Rocher a été ouverte à Vannes à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile déposée par l'opposant russe Alexeï Navalny et son frère.

La plainte avec constitution de partie civile a été déposée en juin 2018, selon les avocats des frères Navalny, Maître William Bourdon et Maître Amélie Lefebvre. L'enquête préliminaire concernant une première plainte était alors toujours en cours. «Le parquet n'avait donc pas encore rendu de décision sur cette plainte», a indiqué le procureur de la République de Vannes, François Touron à l'AFP.

Figure de l'opposition russe Alexeï Navalny, a été condamné en décembre 2014 à trois ans et demi de prison avec sursis pour le détournement de 360 000 euros, au détriment d'une filiale russe de la société française Yves Rocher. Son frère Oleg a été condamné à la même peine, mais ferme, pour blanchiment d'argent et escroquerie.

En décembre 2012, la filiale russe d'Yves Rocher avait déposé une plainte à Moscou accusant les frères Navalny, actionnaires de la société Glavpodpiska, de lui avoir surfacturé leurs services d'expédition de colis. Le dommage subi par Yves Rocher aurait atteint jusqu'à 27 millions de roubles (600 000 euros), a retenu le tribunal de Moscou. Même si en 2013 l'avocat d'Yves Rocher a reconnu que les prix pratiqués par l'entreprise des frères Navalny étaient ceux «du marché», signifiant que l'entreprise n'aurait donc pas subi de préjudice, le groupe Yves Rocher n'a pas retiré sa plainte.

La justice russe reprochait notamment aux deux frères de ne «pas avoir honoré les obligations contractuelles» liant en 2008 leur société à une filiale d'Yves Rocher, auparavant cliente de la Poste russe, pour le transport de colis, les accusant notamment de surfacturation.

En octobre 2017, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a estimé que les frères Navalny avaient été privés du droit à un procès équitable. «Les décisions rendues par les juridictions internes ont été arbitraires et manifestement déraisonnables», ont estimé les juges de la CEDH. Ils ont toutefois déclaré irrecevable la plainte pour "poursuite politique" déposée par Navalny et son frère dans les mêmes griefs.

Contacté par l'AFP, le groupe Yves Rocher n'a pas donné suite. 

Lire aussi : Non, Alexeï Navalny n'est pas le «principal opposant» à Vladimir Poutine