France

La limitation à 80 km/h compromise ? Le Sénat défie le gouvernement

Le Sénat s'en défend, en précisant qu'il n'est pas là «pour faire obstruction au travail du gouvernement», mais l'amendement proposé par la chambre haute compromet bien la limitation à 80km/h en confiant cette responsabilité aux responsables locaux.

Le gouvernement français souhaite attendre deux ans après l’instauration de la mesure de limitation de vitesse à 80km/h sur les routes secondaires pour émettre une évaluation, mais le Sénat a validé le 26 mars un amendement de la loi Mobilités permettant aux représentants locaux de fixer la vitesse maximale autorisée sur ces routes. La vitesse avait été limitée à 80km/h sur ces voies par le gouvernement le 1er juillet 2018, qui avait pris un décret en ce sens.

Défendu par Michel Raison, sénateur Les Républicains, l'amendement en question «décentralise» la fixation de la vitesse maximale autorisée sur le réseau secondaire. L'élu a ainsi défendu sa proposition : «C’est une sorte d’amendement de cohérence. Le Sénat est là pour essayer d’apaiser notre pays, pas pour faire obstruction au travail du gouvernement ou du président de la République.»

Le texte adopté donne précisément la compétence aux présidents des conseils départementaux et aux préfets pour relever la vitesse maximale autorisée sur les routes, le tout en concertation avec la commission départementale de la sécurité routière.

Le Sénat avait déjà déploré la limitation de vitesse à 80km/h décidée sans concertation avec les territoires concernés, parfois éloignés de la capitale. Un rapport de la chambre haute du parlement, intitulé «Sécurité routière : mieux cibler pour plus d’efficacité», sorti en avril 2018, recommandait déjà de s’en remettre aux élus locaux. 

Pour devenir effectif, l'amendement devra encore être voté par l'Assemblée nationale qui l'examinera avant le mois de juillet, mais l'objectif ne semble pas impossible puisque la mesure de la limitation de vitesse divise jusqu'à Matignon et à l'Elysée, à en croire les informations du Parisien.

A l'occasion d'une rencontre avec le président des Républicains, Laurent Wauquiez, au mois de janvier, Emmanuel Macron avait déclaré à propos de la mesure imposant les 80km/h sur les routes secondaires, selon Le Parisien : «Je n’y suis pour rien dans cette affaire. C’est le Premier ministre et c’était une connerie. D'ailleurs, cette mesure n’était pas dans mon programme.»

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