France

Mort d'Adama Traoré : les juges ont terminé leurs investigations, aucune personne poursuivie

Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur la mort d'Adama Traoré, lors de son interpellation en juillet 2016, ont clos leurs investigations mi-décembre sans avoir prononcé de mise en examen. L'enquête pourrait se solder par un non-lieu.

L'AFP révèle ce 12 mars que les juges d'instruction parisiens qui enquêtaient sur la mort d'Adama Traoré, jeune homme décédé peu après son interpellation à Beaumont-sur-Oise en juillet 2016, ont clos leurs investigations mi-décembre dernier. Aucune mise en examen n'a été prononcée pour l'heure.

Cette décision laisse craindre aux parties civiles que l'enquête sur le décès du jeune homme se solde par un non-lieu. Personne n'est en effet poursuivi dans ce dossier.

Le parquet doit à présent prendre ses réquisitions avant que les juges ne rendent leur ordonnance finale.

Le 19 juillet 2016, la mort d'Adama Traoré, 24 ans, avait été constatée près de deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise). Interpellé après une course-poursuite, il avait été maintenu au sol sous le poids des gendarmes. Il avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la commune voisine de Persan.

Depuis le début de l'affaire, qui avait provoqué cinq nuits de violences dans ce département au nord de la région parisienne, les proches d'Adama Traoré ont toujours dénoncé une interpellation violente, accusant aussi les gendarmes de ne pas avoir porté secours au jeune homme, laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers.

Fin novembre, soit plus de deux ans après sa mort, les trois gendarmes qui l'avaient interpellé avaient été placés sous le statut de témoin assisté, un statut intermédiaire entre celui de témoin et de mis en examen, signifiant qu'il ne leur était pas directement reproché d'avoir commis une infraction.

Quelques mois plus tôt, une expertise médicale de synthèse, à décharge pour les gendarmes, avait été remise aux juges : elle concluait que le pronostic vital du jeune homme était «engagé de façon irréversible» avant son arrestation, ce dernier souffrant d'une maladie génétique, la drépanocytose, ainsi que d'une pathologie rare. Ces deux problèmes de santé auraient entraîné une asphyxie à l'occasion d'un épisode de stress et d'effort.

Une demande de nouvelle contre-expertise, formulée par la famille, a été jugée irrecevable par les juges d'instruction mi-février, selon une source proche du dossier.

Le 11 mars, l'avocat de la famille du jeune homme, Yassine Bouzrou, a demandé que les trois gendarmes soient de nouveau entendus, dans l'espoir d'une mise en examen.

Depuis le début, l'enquête est marquée par un climat de défiance vis-à-vis des autorités, alimenté par l'annonce tardive du décès et la communication contestée du procureur de Pontoise à l'époque.

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