Le gouvernement craint-il que les Français soient déçus par les résultats du grand débat national qui était censé répondre aux attentes des citoyens ? Plusieurs personnalités de l'exécutif sont en tout cas montées au créneau pour, semble-t-il, tenter de désamorcer en amont toute critique à l'issue de cet événement novateur qui doit se conclure le 15 mars. L'hebdomadaire Marianne estime même que «le gouvernement se charge déjà de dégonfler la baudruche.» Selon cette même source, Edouard Philippe a précisé, au cours d'une allocution aux troupes de la majorité : «Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions à la sortie ne soient pas les réponses à toutes les remontées des débats.»
Même son de cloche pour Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, qui, dès le lendemain, annonçait lors d'un passage sur LCI : «Il va falloir atterrir sur un consensus, certaines personnes n'y trouveront pas leur compte mais c'est la loi de la majorité, on est dans une démocratie. [...] De toute façon, on n'a pas de baguette magique, ni ce gouvernement, ni les précédents, ni ceux d'après. Il y a des réalités : nous sommes dans un contexte européen, dans un contexte international, dans un contexte budgétaire donné. Bref, il y a un cadre à respecter et nous ne changerons pas tout du jour au lendemain, sinon, on l'aurait fait depuis longtemps, le plein emploi en France en payant moins d'impôts.» Et de rassurer pleine d'entrain : «Ce qui est important c'est de voir la méthode avec laquelle nous avons travaillé. Ce grand débat est un succès. On nous l'annonçait comme un échec.»
La co-animatrice du grand débat national, Emmanuelle Wargon, a également prévenu dès le 5 mars au soir, après la prise de parole du chef du gouvernement : «Il est peu probable que l'on règle tous les sujets que les Français ont mis sur la table, sur lesquels ils nous attendent, par quelques mesures immédiates.»
Selon un sondage Elabe publié le 20 février, 58% des Français interrogés estiment pour leur part qu'Emmanuel Macron et son gouvernement ne tiendront pas compte des points de vue exprimés dans le grand débat national.
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