Le pape réunit cette semaine au Vatican la hiérarchie épiscopale mondiale qui devrait être mise face à ses responsabilités face aux scandales d'agressions sexuelles de mineurs, après de retentissants scandales de pédophilie, notamment au Chili et aux Etats-Unis.
Les présidents d'une centaine de conférences épiscopales de tous les continents se retrouveront dans la cité-Etat du 21 au 24 février, en compagnie de hauts prélats du Vatican, de chefs des Eglises catholiques orientales et de responsables de congrégations religieuses. Le pape François leur a demandé de rencontrer au préalable des victimes d'abus sexuels dans leurs pays respectifs. Quelques victimes sont également invitées au Vatican.
Je vous invite à prier pour ce rendez-vous que j'ai voulu comme un acte de forte responsabilité pastorale devant un défi urgent de notre époque
Conscient des attentes «surdimensionnées» suscitées par cette réunion historique, le pape a néanmoins souligné récemment que «le problème des abus» continuerait. «En résolvant le problème dans l'Eglise par une prise de conscience, nous contribuerons à le résoudre dans la société, dans les familles, où la honte fait que l'on couvre tout», a-t-il ajouté. La réunion élaborera «des protocoles» car «parfois les évêques ne savent pas quoi faire», a encore estimé François.
Copier les mesures de prévention mises en places dans les pays anglo-saxons
«Je vous invite à prier pour ce rendez-vous que j'ai voulu comme un acte de forte responsabilité pastorale devant un défi urgent de notre époque», a en outre expliqué le pape le 17 février, devant la foule des fidèles rassemblés place Saint-Pierre pour la prière de l'angelus. Le pape a réitéré cette affirmation dans un tweet posté le 18 février.
L'événement se veut une prise de conscience collective du phénomène mondial des viols sur mineurs dans les rangs de l'Eglise, alors que beaucoup de pays, en Afrique, en Asie, ou encore au Moyen-Orient, sont dans le déni de ce type de crimes et préfèrent pointer l'Occident du doigt. Dans certaines régions, les multiples formes de violence contre les enfants et la sexualité demeurent des tabous, d'où la nécessité d'une rencontre «éducative».
«L'Eglise catholique a été confrontée à ce problème depuis 35 ans», a pour sa part analysé le père allemand Hans Zollner auprès de l'AFP. Ce psychologue parcourant la planète pour éduquer les épiscopats est l'un des organisateurs de la rencontre papale. Il appelle de ses vœux des mesures de prévention telles que celles mises en place par des épiscopats au Canada, aux Etats-Unis, en Irlande, au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Australie. «Cela fonctionne : dans tous ces pays le nombre de nouvelles allégations d'agressions sexuelles à l'encontre de prêtres est désormais minimal», assure-t-il.
Le 16 février, le pape a réduit à l'état laïc le cardinal américain Theodore McCarrick, 88 ans, accusé d'avoir commis des abus sexuels il y a près d'un demi-siècle.