Le Parti socialiste (PS), dont le premier secrétaire Olivier Faure a initié un appel à «l'union contre l'antisémitisme», en a-t-il profité pour faire un coup politique ? C'est le reproche que lui adresse Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, dont les formations politiques respectives n'apparaissent pas aux côtés des 14 autres signataires.
Après maints atermoiements, La France insoumise (LFI) participera bien au cortège. Manon Aubry, tête de liste LFI pour les européennes a confirmé le 15 février que Jean-Luc Mélenchon assisterait au rassemblement organisé à Paris, et que le parti signerait l'appel contre l'antisémitisme lancé par les quatorze formations politiques.
«Nous portons dans le débat public des orientations différentes, mais nous avons en commun la République. Et jamais nous n'accepterons la banalisation de la haine. C'est pourquoi nous appelons l'ensemble des Français à se réunir dans toutes les villes de France pour dire ensemble : Non, l'antisémitisme, ce n'est pas la France !», dit le texte notamment signé par La République en marche, Les Républicains, le MoDem, EELV, le PCF et donc le PS.
«Les actes antisémites se sont dramatiquement multipliés au cours de l'année 2018. Ca suffit !», clament encore les signataires, en référence aux chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur le 12 février, selon lesquels les menaces et violences visant les Juifs auraient augmenté de 74% en 2018.
La France insoumise ne figurait au début pas parmi les 14 signataires. Pour son leader Jean-Luc Mélenchon, cette absence aurait été due à une «grossière provocation du PS», qui n'aurait pas daigné l'informer de son initiative. «La Ligue de défense juive avait fait pareil à la marche Knoll. La lutte contre l'antisémitisme mérite mieux que des manœuvres politiciennes», a-t-il lancé dans un message sur Twitter.
Le représentant légal de LFI, Manuel Bompard, avait confirmé que la France insoumise n'avait «pas été sollicitée pour signer», expliquant par ailleurs que «bien sûr, elle [soutenait] cet appel». De son côté, Olivier Faure avait réagi à ces accusations sur son compte Twitter, affirmant avoir adressé un message sur Telegram au chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, auquel ce dernier n'aurait «pas répondu».
L'AFP dans le viseur de Marine Le Pen
En revanche, en ce qui concerne le Rassemblement national, Olivier Faure n'a pas avancé d'explications. La présidente du RN Marine Le Pen a fait savoir dans un tweet que son parti n'avait lui non plus «jamais été sollicité par les signataires». Plutôt que de s'en prendre au premier secrétaire du PS, elle s'est emporté contre la façon dont l'AFP a choisi de traiter l'information, qualifiant le titre de l'agence de presse – «Les principaux partis hors RN et LFI lancent un appel contre l'antisémitisme» – d'«incroyablement malhonnête». «Vous n’en avez pas assez l'AFP de tordre la vérité pour des raisons bassement politiques ?», a-t-elle lancé avant de demander aux signataires s'ils étaient prêts à prendre des actions pour «éradiquer le fondamentalisme islamiste» en France.
Le Rassemblement national a apporté dans un communiqué «son soutien à toutes initiatives visant à condamner cet antisémitisme et à assurer la solidarité de la République» avec les victimes. Il affirme que cette lutte «passera par des actes forts», et mentionne le «développement toxique du radicalisme islamiste».
Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan s'est quant à lui dit «scandalisé par cette manipulation des partis du système», assurant n'avoir «jamais été contacté pour soutenir cet appel». «Debout la France s'est toujours mobilisé contre l'antisémitisme et se joindra à toute initiative républicaine et transpartisane pour combattre la haine. La situation de la France est trop grave pour oser faire de la politique politicienne sur ce sujet», a-t-il déclaré.