France

Des arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi retrouvés sciés, les actes antisémites en hausse

Dans l'Essonne, à la veille des commémorations en hommage à Ilan Halimi, deux arbres plantés en mémoire du jeune homme assassiné en 2006 ont été sciés. Le ministère de l’Intérieur a annoncé une recrudescence importante des actes antisémites.

Le gouvernement a annoncé ce 12 février que les actes antisémites avaient subi en 2018 une hausse de 74%, 541 faits ayant été constatés contre 311 l'année précédente. Un chiffre cependant inférieur de moitié aux actes antichrétiens, dont le nombre s'est élevé à 1063 en 2018. 100 faits antimusulmans ont été recensés, soit le plus bas niveau depuis 2010, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur.

Dans ce contexte, la profanation le 11 février des arbres plantés en la mémoire d'Ilan Halimi à Sainte-Geneviève-des-Bois a choqué la classe politique. Le 13 février 2006, Ilan Halimi, jeune juif de 23 ans, avait été retrouvé agonisant après 23 jours de torture, près des voies du RER C. Alors que la population s'apprêtait à lui rendre hommage à cet endroit comme chaque année, les deux arbres plantés en sa mémoire sur les lieux ont été sciés dans la nuit du 10 au 11 février.

Les dommages ont été découverts par deux agents municipaux, venus mettre en place l'installation avant la cérémonie annuelle. L'arbre qui portait la photographie du jeune homme martyrisé a été scié à la base, le second a été entaillé. Le premier arbre avait été planté l'année de sa mort, le second pour le dixième anniversaire de son assassinat par la bande de tortionnaires du «gang des barbares». La mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois a porté plainte et de très nombreux politiques de tous bords ont unanimement condamné les dégradations symboliques.

«L'antisémitisme se répand comme un poison», estime Christophe Castaner

Venus sur les lieux, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est recueilli sur les lieux en compagnie de Laurent Nunez, son secrétaire d'Etat. Dans un tweet, il a fait savoir qu'à cet endroit seront replantés des arbres «encore plus beaux». «L'antisémitisme se répand comme un poison», a-t-il estimé.

D'autres responsables politiques ont condamné ce vandalisme. «Je tiens à exprimer mon indignation et à assurer mon fidèle soutien à la communauté juive de France», a déclaré Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout la France, venu à Saint-Geneviève-des-bois pour témoigner son soutien.

Gérard Larcher, le président LR du Sénat, a évoqué en séance «la nausée que [lui inspirait] la résurgence de l’antisémitisme». 

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a qualifié de «salopards» les auteurs de ce geste.

Bernard Cazeneuve, ancien ministre socialiste, a exprimé «ses pensées et sa solidarité» avec ses «compatriotes de confession juive».

Plusieurs inscriptions antisémites découvertes à Paris

Ces derniers jours, d'autres dégradations à caractère antisémite ont touché la capitale. Deux boîtes aux lettres de la mairie du XIIIe arrondissement décorées par l'artiste Christian Guémy représentant le visage de Simone Veil ont été barrées par des croix gammées le 11 février.

Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a partagé sur Twiter une photo d'une inscription «Macron, Jew's bitch» (Macron p... à juifs) qui aurait été découverte sur une porte de garage dans le Ier arrondissement de Paris à une date indéterminée. Il a annoncé avoir saisi le procureur de Paris et le préfet de police.

De même source, la mairie du XVIIIe arrondissement a opéré un signalement le 11 février concernant les mots «truie juive» tracés sur un mur du quartier. Une inscription antisémite visant le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a également été découverte le 11 février sur le siège du Monde, dans le XIIIe arrondissement. «Micron Rothschild parce qu’il se vend bien. La putain de la youtrerie universelle», est-il écrit sur le bâtiment du quotidien. Le journal a indiqué à l’AFP qu’il allait porter plainte. Le 9 février, le mot juden, qui signifie «juifs» en allemand, a été tagué sur la vitrine d'une enseigne Bagelstein dans le IVe arrondissement. De nombreuses voix se sont élevées pour attribuer, sans preuves, ce méfait aux Gilets jaunes.

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