La plateforme de collecte de dons en ligne Leetchi a annoncé le 6 février avoir saisi la justice au sujet du versement de la somme récoltée par la cagnotte de soutien à l'ancien boxeur Christophe Dettinger, accusé de s'en être pris à deux gendarmes à Paris lors de la manifestation du 5 janvier des Gilets jaunes. Cette cagnotte avait été close par la plateforme le 8 janvier.
Dans un communiqué, cité par l'AFP, Leetchi déclare avoir «engagé une procédure en référé auprès du tribunal de grande instance d'Evry afin de déterminer les conditions dans lesquelles pourra intervenir le versement» des quelque 130 000 euros récoltés, et ce «afin de trouver une issue rapide à ce litige».
La question porte notamment sur le changement de bénéficiaire de la somme récoltée par la cagnotte. La plateforme rappelle que le créateur de la cagnotte, Nicolas Alvès, le beau-frère de l'ancien boxeur, avait mentionné que les fonds seraient «destinés à soutenir la famille de Christophe Dettinger pour le paiement des frais d'avocats de celui-ci». Après avoir décidé de fermer la cagnotte, elle s'était ainsi engagée «à ce que les fonds collectés [...] servent uniquement à financer les frais de justice».
Toujours selon le même communiqué, la personne à l'origine de la collecte a «formellement demandé le 26 janvier 2019 le versement direct par virement de l'intégralité de la somme récoltée, à savoir 127 812,67 euros [...] sur le compte bancaire» de la compagne de l'ancien boxeur, en lieu et place du compte joint de «M. ou Mme Dettinger», initialement prévu. D'après le texte de l'assignation en référé que l'AFP a pu consulter, ce changement de bénéficiaire contreviendrait aux conditions générales d'utilisation de la plateforme, en plus d'être contraire aux engagements pris envers Leetchi.
En outre, la demande de l'organisateur «ne fournit pas les devis d'honoraires d'avocats correspondant à l'objet de la cagnotte», selon le même texte. «Une telle demande est génératrice d'un dommage imminent puisque Leetchi, soit s'abstient d'exécuter la demande [...] et s'expose dès lors à la mise en cause de sa responsabilité contractuelle de la part de l'organisateur ; soit exécute la demande [...] et s'expose alors à la mise en cause de sa responsabilité, tant contractuelle par le bénéficiaire de la cagnotte que contractuelle par les participants de la cagnotte mais également pénale», poursuit l'assignation.
«Dans le contexte actuel, les répercussions que pourrait avoir une attribution erronée voire contestée des fonds collectés, commandent la plus grande prudence», ajoute Leetchi.
En un peu plus de 24 heures, plus de 6 000 personnes avaient participé à cette cagnotte ayant pour but de soutenir le sportif, actuellement en détention provisoire, et qualifié de «boxeur national». Un texte précisait : «Tous les weekends cet homme a défendu pacifiquement ses idées, celles des Gilets jaunes. [...] Malheureusement il risque de servir d'exemple. Aidons-le dans ce combat, il ne doit pas être le seul à payer.»
Dans une vidéo publiée sur le compte Facebook de celle qui se présente comme sa belle-sœur, Christophe Dettinger, avait expliqué son geste, non sans émotion. Reconnaissant avoir «mal agi», il appelait les Gilets jaunes à «continuer le combat pacifiquement».