La France va faire du 24 avril une «journée nationale de commémoration du génocide arménien». C'est ce qu'a annoncé Emmanuel Macron le 5 février devant la communauté arménienne lors du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF).
Le chef de l'État a, par cette annonce, honoré sa promesse de campagne d'inscrire au calendrier français une journée commémorant cet événement.
La date choisie commémore le 24 avril 1915, date d'une rafle d'intellectuels arméniens assassinés à Constantinople par le gouvernement.
«La France, c'est d'abord et avant tout ce pays qui sait regarder l'histoire en face, qui dénonça parmi les premiers la traque assassine du peuple arménien, qui dès 1915 nomma le génocide pour ce qu'il était, un crime contre l'humanité qui en 2001, à l'issue d'un long combat, l'a reconnu dans la loi et qui, comme je m'étais engagé, fera dans les prochaines semaines du 24 avril une journée nationale de commémoration du génocide arménien», a déclaré Emmanuel Macron.
La loi française du 29 janvier 2001 contient en effet un article unique dans lequel il est inscrit que «la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915». Elle fait partie des quatre lois mémorielles françaises. De plus, le 1er juillet 2016, l'Assemblée nationale adoptait un amendement au projet de loi égalité et citoyenneté sanctionnant d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende la négation ou la banalisation d'un crime contre l'humanité.
A cet égard, le président de la République a plaidé pour que «les citoyens de demain soient pleinement conscients des vérités du passé» et s'est élevé contre toutes les formes de négationnisme.
Souffler le chaud et le froid avec la Turquie
Emmanuel Macron a en outre précisé avoir au préalable informé le président turc Recep Tayyip Erdogan de sa décision.
La France a «un dialogue exigeant avec le président turc», a-t-il assuré. Expliquant sa position, le président français a déclaré : «Nous avons des désaccords assumés sur la lutte contre Daesh, les libertés fondamentales en Turquie, le génocide et le passé et les droits de l'homme en Turquie. Nous avons des points de convergence qui justifient le dialogue, comme la nécessité d'une transition politique en Syrie. A ce titre le dialogue avec la Turquie est indispensable. Je me refuse à rompre le fil du dialogue.»
Au lendemain de la déclaration d'Emmanuel Macron, le porte-parole du président truc a néanmoins fait savoir qu'il condamnait «fermement» la décision française de faire du 24 avril la journée de commémoration du génocide arménien.
Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique par les troupes de l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie récuse le terme de génocide et évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie.
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