France

Mediapart : Edwy Plenel s'indigne de la tentative de perquisition du procureur «choisi par Macron»

Mediapart a dénoncé une tentative de perquisition de ses bureaux «ordonnée par le nouveau procureur de la République de Paris» dans le cadre de l’affaire Benalla. Les journalistes s'indignent d'une procédure «inédite».

Deux procureurs, accompagnés de trois policiers, ont voulu perquisitionner ce 4 février, à 11h10, les locaux de Mediapart dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet, notamment pour atteinte à la vie privée après leurs révélations de la semaine précédente. Réagissant sur France Inter ce même jour, le patron du média, Edwy Plenel a dénoncé «un scandale ordonné par le nouveau procureur de la République de Paris, dont on connaît les conditions de nomination sur pression du pouvoir exécutif».

Mediapart a en outre tenu une conférence de presse pour revenir sur l'incident, le 4 février.

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«Un commissaire divisionnaire de la brigade criminelle est venu avec d’autres policiers frapper à la porte du journal en nous disant : "Monsieur, c’est une perquisition." Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire de Mediapart», a notamment expliqué Fabrice Arfi, patron du pôle enquête du site et l'un des auteurs des révélations de l'affaire Benalla-Crase.

Nous vivons une époque où il faut défendre l'honneur de la presse tout le temps

Fabrice Arfi a estimé que «l’habillage dont se revêt le parquet de Paris» n’avait «qu’un seul but : trouver les sources de Mediapart». Il a poursuivi : «La panique est forte au plus haut sommet de la République.»

«Il était convenu que nous remettrions à une justice indépendante les éléments qui étaient à notre disposition. Cependant, le procureur de Paris, nommé récemment, choisi par Monsieur Macron lui-même, a choisi de venir perquisitionner un journal», a de son côté tancé Edwy Plenel, patron de la publication.

«Au lieu de se préoccuper du fond, le parquet de Paris s’empare de la forme, en arguant de la protection de la vie privée d'Alexandre Benalla. Alors qu’on parle d’une affaire d’Etat», a-t-il poursuivi.

C’est une dérive que nous dénonçons

Il a par ailleurs tenu à rappeler qu'il y avait «des faits dont la justice est saisie par des juges d'instruction sur Monsieur Benalla» et déploré cette «manœuvre du parquet» qui «dépend du pouvoir exécutif» avant de conclure : «Nous vivons une époque où il faut défendre l'honneur de la presse tout le temps.»

En conclusion, le patron et fondateur de Mediapart a livré son analyse concernant ce qu'il estime être une «dérive». «On met en cause le droit de manifester. On empêche les gens de protester, de défendre leur cause. Il n’y a qu’un pas jusqu’à malmener la liberté de la presse. C’est une dérive que nous dénonçons», a-t-il ainsi justifié.

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