France

«On met le doigt dans un engrenage» : un député LREM ne votera pas la loi anti-casseurs en l'état

Le député LREM Aurélien Taché a fait savoir qu'il ne voterait pas en l'état pas la loi anti-casseurs, signe du malaise au sein de la majorité face à ce texte censé répondre aux violences lors de manifestations.

«En l'état, je ne la voterai pas», déclare le député La République en marche (LREM) du Val-d'Oise Aurélien Taché au Journal du dimanche (JDD) du 3 février, à propos de la proposition de loi sénatoriale Les Républicains (LR) défendue par le gouvernement, qui sera solennellement votée à l'Assemblée le 5 février.

Représentant de l'aile gauche de la majorité, Aurélien Taché critique surtout l'article 2 du texte, qui permet aux préfets de prononcer des interdictions de manifester à l'encontre d'individus représentant «une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public», sous peine de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende en cas d'infraction.

Je ne suis pas d'accord avec l'idée que nos institutions seraient mises en danger par les Gilets jaunes, même infiltrés par des individus violents

«C'est loin d'être anodin. Bien sûr, le travail du gouvernement et des députés En marche a rendu le texte beaucoup plus équilibré et protecteur que sa première version. Mais je ne suis pas d'accord avec l'idée que nos institutions seraient mises en danger par les Gilets jaunes, même infiltrés par des individus violents», regrette-t-il. Il est à noter que le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait défendu le texte en assurant qu'il visait à «stopper les brutes» et n'était pas dirigé contre les Gilets jaunes.

La gauche est montée au créneau contre la mesure, dénonçant une «loi de circonstance» (Parti communiste français - PCF) face aux Gilets jaunes, s'attaquant «aux libertés fondamentales de tout un peuple».

En plus d'Aurélien Taché, plusieurs autres élus LREM ont réclamé la suppression de l'article. Aurélien Taché, qui fait également état de ses «réserves» concernant le principe de fouilles à proximité d'une manifestation, estime que la proposition de loi portée par le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, va dans son ensemble à l'encontre de l'ADN des marcheurs. «Notre ADN, c'est un libéralisme politique qui inclut la défense des libertés individuelles. Cette loi n'est pas fasciste ou ultra-liberticide, mais [...] on met le doigt dans un engrenage qui peut nous éloigner des principes fondamentaux», prévient-il.

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