Edouard Philippe décore ce 25 janvier une vingtaine de gendarmes et de fonctionnaires s'étant «particulièrement distingués» lors de l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, selon Matignon. Cette cérémonie intervient un an après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport dans le bocage de Loire-Atlantique, mais également au moment où l'exécutif cherche à afficher un certain soutien aux forces de l'ordre énormément mobilisées pour les manifestations de Gilets jaunes et dans le contexte d'alerte attentats. Interrogé par l'AFP, le cabinet d'Edouard Philippe a fait savoir : «Le Premier ministre présidera une réception afin de récompenser les agents de l’Etat s’étant particulièrement distingués au printemps 2018 lors des opérations d'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.»
Au total, 21 personnes sont décorées : gendarmes, policiers, pompiers, militaires issus des formations de la sécurité civile, fonctionnaires des ministères de l'Intérieur et de la Justice «ayant apporté leur concours au bon aboutissement des opérations de démantèlement de la ZAD». Ces personnes recevront la médaille de la gendarmerie et la médaille de la sécurité intérieure.
Lancée le 9 avril 2018, trois mois après l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport controversé, l'évacuation de la zone occupée par des zadistes a mobilisé environ 2 500 gendarmes et s'est poursuivie jusqu'à la fin du mois de mai. Elle a conduit à la destruction de dizaines de squats et à l'expulsion de leurs occupants. Si l'opération a globalement été considérée comme un succès, elle a fait de nombreux blessés dans les deux camps. Le cas le plus grave a été celui d'un homme de 21 ans qui a eu la main arrachée après avoir ramassé une grenade tirée par les gendarmes, le 22 mai. Cette opération a débouché sur 50 gardes à vue et 35 jugements en première instance, dont 14 en appel, selon la cour d'appel de Rennes.
La gendarmerie mobile meilleure élève que la police ?
Deux salles, deux ambiances ? Selon les informations de L'Essor, la publication de la Gendarmerie nationale, dans le cadre de la mobilisation des Gilets jaunes, les gendarmes mobiles (EGM) font figure de bons élèves en comparaison avec les effectifs de la Police nationale : malgré 26 signalements, l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) n'a pour l'heure été saisie dans aucun dossier. Par contre, la police des polices (IGPN) a pour sa part fait état de 81 saisines pour des incidents liés au maintien de l'ordre impliquant des policiers, selon Christophe Castaner.
Parmi les 26 signalements, un «fait chaud au cœur», selon le journal de la gendarmerie : une personne a écrit un courrier afin de féliciter les gendarmes pour leur travail lors des manifestations des Gilets jaunes.
Côté policiers, les suicides sont en hausse
En revanche, concernant l'épineux dossier du mal-être des forces de l'ordre qui a durement frappé les uniformes en 2018 avec 88 suicides et en particulier la police nationale depuis le début de l'année 2019 (neuf policiers se sont ôté la vie depuis le 1er janvier), le gouvernement et le ministère de l'Intérieur gardent pour le moment leurs distances et les députés de la majorité, notamment interpellés à ce sujet par l'association Uniformes en danger, opposent un silence presque absolu... Jusqu'à quand ?
Antoine Boitel
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