France

Il y aura bien une liste de Gilets jaunes aux élections européennes

Les Gilets jaunes tiennent-ils leurs représentants pour les européennes ? Une liste intitulée Ralliement d'initiative citoyenne est en train de se constituer, emmenée par Ingrid Levavasseur, l'aide-soignante qui avait refusé une offre de BFM.

Dans un communiqué, les Gilets jaunes du Ralliement d'initiative citoyenne (RIC) ont fait savoir le 24 janvier leur intention de présenter une liste aux élections européennes de mai 2019. Ingrid Levavasseur, l'une des figures du mouvement social, sera tête de liste. Dix noms ont déjà été publiés et ils devront en trouver 69 autres pour le premier tour du scrutin qui aura lieu le 26 mai. Les responsables de la liste visent son dépôt à «mi-février».

Ingrid Levavasseur, 31 ans, aide-soignante originaire de l'Eure, avait récemment renoncé à devenir chroniqueuse sur BFMTV après avoir annoncé qu'elle avait reçu des menaces. Sa démarche avait en outre été critiquée par d'autres Gilets jaunes qui ne la jugeaient pas représentative.

Le communiqué proclame : «Le mouvement social citoyen né dans notre pays le 17 novembre 2018 fait apparaître la nécessité de transformer la colère en un projet politique humain, capable d'apporter des réponses aux Français qui soutiennent le mouvement depuis des mois.»

Le nouveau mouvement annonce également : «Nous, citoyens français, ne voulons plus subir les décisions des instances européennes et les diktats des castes de financiers et de technocrates, qui ont oublié le principal : l'humain, la solidarité et la planète.» Le parti des Gilets jaunes cherche également à redonner ses lettres de noblesse au populisme en assurant que les eurodéputés auront «avant tout, la mission de porte-parole des citoyens qui seront consultés tout au long du mandat.»

Selon un sondage Elabe publié le 23 janvier, une liste Gilets jaunes serait créditée de 13% d'intentions de vote aux élections européennes et arriverait en troisième place derrière le parti présidentiel et le Rassemblement national. Ce qui placerait cette formation Gilets jaunes à la troisième place, devant Les Républicains et La France Insoumise. Cette liste affaiblirait en outre celles du Rassemblement national et de la France insoumise.

Un «processus intéressant» selon Benjamin Griveaux

Rien d'étonnant, donc, à ce que la majorité voie plutôt d'un bon œil cette initiative électorale. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a ainsi estimé qu'il était «plus sain» que le débat se «fasse dans les urnes à visage découvert». Il a salué un «processus intéressant».

L'initiative a été bien accueillie par le camp LR dont deux grandes figures, Christian Jacob et Bruno Retailleau, se sont dits en faveur de la liste : «C'est le jeu de la démocratie, je les félicite, je les encourage. [...] Ils vont trouver des obstacles, évidemment ça va être difficile, ils vont se faire critiquer, mais qu'il y ait un débat dans une démocratie, très bien, mais à un moment donné, ça doit déboucher sur les urnes», a réagi Bruno Retailleau sur France 2. Et de préciser : «Quand il n'y a pas de débouché politique [à un mouvement social], la violence s'installe dans la rue.»

Pour Christian Jacob, interrogé par CNews : «C'est une bonne initiative, à partir du moment où on se revendique du peuple, et c'est ce que font les Gilets jaunes qui disent : "nous sommes le peuple", hé bien il faut accepter de s'y soumettre, c'est la règle de la démocratie.»

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi souhaité «Bonne chance aux Gilets jaunes dans leur liste !» sur BFMTV le 23 janvier. Il a ensuite précisé : «Il ne suffit pas d'annoncer une liste, il faut avoir un projet, des personnalités et une cohérence.»

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