France

Pessimiste, la France déclenche son plan pour un Brexit sans accord

Paris croit de plus en plus probable que Londres ne parvienne finalement pas à trouver un accord pour organiser sa sortie de l'Union européenne : la France a activé un plan de préparation qui devrait impliquer près de 50 millions d'euros.

C'est l'une des conséquences du rejet de l'accord européen sur le Brexit par le Parlement britannique : la France a annoncé avoir déclenché ce 17 janvier 2019 son plan national pour faire face aux effets d'une sortie sans accord, un scénario jugé «de moins en moins improbable» par Paris.

Après une réunion entre plusieurs ministres à Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le «déclenchement» de ce «plan de préparation», sur lequel Paris travaille depuis avril, qui se traduira notamment par 50 millions d'euros de travaux d'aménagement dans les ports et les aéroports et près de 600 embauches (douaniers, vétérinaires...). 

«L'hypothèse d'un Brexit sans accord est de moins en moins improbable. La responsabilité du gouvernement c'est que notre pays soit prêt, que les intérêts de nos concitoyens soient préservés et défendus», a affirmé le Premier ministre sur le perron de Matignon. Un projet de loi français sur les conséquences du Brexit, présenté au Parlement l'automne dernier, doit être adopté définitivement le même jour par le Sénat.

Edouard Philippe a en outre précisé qu'après ce vote, le gouvernement s'apprêtait à présenter cinq ordonnances en Conseil des ministres dans les trois semaines à venir, destinées à régler les problèmes épineux que posent un retrait britannique sans accord ordonné.

L'hypothèse d'un Brexit sans accord est de moins en moins improbable

Quel statut pour les 200 000 Britanniques vivant en France, selon les estimations consulaires ? En vertu d'une de ces ordonnances, ils «pourront continuer de résider en France sans titre de séjour» pendant un an, le temps de régulariser leur situation après la perte de fait de leur statut de citoyen de l'Union européenne. Cette solution sera choisie par la France «sous réserve de réciprocité», à savoir que le même délai soit accordé côté britannique pour les 300 000 Français vivant au Royaume-Uni.

Paris prévoit également la préservation des droits sociaux (retraite, chômage...) dont bénéficient les Britanniques vivant en France. «On est en attente légitime d'un niveau équivalent côté britannique. On espère que le bon sens prévaudra de l'autre côté de la Manche», souligne Matignon.

Une autre ordonnance permettra «la réalisation en urgence» des infrastructures nécessaires au rétablissement des contrôles aux frontières d'ici au 29 mars, date prévue de sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Cinquante millions d'euros doivent être débloqués, notamment par les gestionnaires des ports (Dunkerque, Calais, Le Havre) et du tunnel sous la Manche. Ils permettront par exemple de construire de vastes parkings pour les camions attendant les contrôles. Ces investissements «vont être lancés dans les jours qui viennent, les plans sont prêts», ainsi que l'a assuré Edouard Philippe.