Emmanuel Macron a adressé le soir du 13 janvier une lettre aux Français, afin de lancer le grand débat national, initiative qu'il avait promise mais qui est loin de faire l'unanimité au sein de l'opposition.
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Grand absent de ce courrier, les mots «Gilets jaunes» n'apparaissent pas dans le courrier écrit par le président de la République. Et ce alors même que la lettre est révélée au lendemain de l'acte 9 des Gilets jaunes, marqué par une hausse de la mobilisation.
Le président aborde pourtant le sujet de manière détournée, affirmant : «Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd'hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d’où l’on vient. Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste.»
Et de poursuivre : «Cette impatience, je la partage. La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail.»
Le grand débat, sans «questions interdites» ?
S'il assure vouloir «transformer [...] les colères en solutions» avec ses concitoyens, en les consultant autour du grand débat, Emmanuel Macron laisse entendre qu'il devrait poursuivre son cap sur les «grandes orientations» de sa politique : «Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle [...] ma détermination n’a pas changé.»
Sur le grand débat, dont les contours restent flous mais qui doit débuter le 15 janvier, le président de la République a assuré qu'il ne s'agissait «ni [d']une élection, ni [d']un référendum».
Emmanuel Macron, qui promet que le grand débat ne comportera «pas de questions interdites», propose de baliser le débat avec une série de 35 questions portant sur quatre thèmes déjà fixés comme la démocratie, la transition écologique, la fiscalité ou l'immigration. Les thèmes du mariage pour tous, de l'IVG ou de la peine de mort ne sont en revanche pas mentionnés dans le courrier.
Le chef de l'Etat doit participer à un premier débat le 15 janvier avec des maires à Grand Bourgtheroulde, dans l'Eure, puis à un deuxième le 18 janvier à Souillac, dans le Lot. Une série de déplacements en province suivra.
Le Premier ministre Edouard Philippe doit pour sa part préciser le 14 janvier les modalités de ce grand débat, et notamment sur son pilotage. La présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, avait en effet fait défection après une polémique sur sa rémunération.
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