France

«Pendez les Blancs» : 5 000 euros d'amende avec sursis requis contre le rappeur Nick Conrad

Poursuivi par le parquet de Paris pour «provocation directe à commettre des atteintes à la vie», le rappeur Nick Conrad comparaissait devant la chambre de la presse du tribunal correctionnel. Notre journaliste, présent sur place, a suivi l'audience.

Le parquet de Paris a requis ce 9 janvier une peine de 5 000 euros avec sursis à l’encontre de Nick Conrad, un rappeur poursuivi pour «provocation directe à commettre des atteintes à la vie». La diffusion sur la plateforme YouTube en septembre dernier de son clip intitulé «Pendez les Blancs» avait rapidement suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et de nombreuses condamnations au sein du gouvernement ainsi que dans la classe politique. Une des scènes diffusées à l'audience montre le rappeur enfonçant un revolver dans la bouche d'un homme blanc avant de lui tirer dessus. Dans une autre scène, la victime est montrée pendue.

«Comment être sûr que certains internautes n'y verraient pas "un appel à la violence" ?», l'a interrogé le président, citant un passage de la chanson ou le rappeur appelait à tuer «des bébés blancs [...] dans des crèches». Ce a quoi le rappeur a répondu : «Je compte sur le fait que ce soit trop gros pour être vrai.» Un argument qui n’a guère convaincu le procureur qui a estimé que le rappeur «a[vait] outrepassé les limites autorisées de la liberté d'expression dans ce genre singulier qu'est le rap».

Néanmoins, pour le magistrat, le rappeur au casier vierge, qui a perdu son emploi de réceptionniste dans un palace parisien après la diffusion de son clip, en a «déjà dans une certaine mesure payé les conséquences».

Parties civiles lors du procès, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), ont accusé Nick Conrad de propager dans ce clip un discours de haine anti-Blancs.

Face à eux, les avocats du rappeur, ont plaidé la nullité de la procédure avant de demander la relaxe. Pour justifier du caractère fondé de cette demande, ils ont invoqué l’affaire Orelsan. Assigné en justice pour provocation à la violence envers les femmes dans plusieurs de ses chansons, le rappeur normand avait finalement été relaxé en 2016. La décision sera rendue le 19 mars. 

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