Le divorce semble définitivement consommé entre la Macronie et les centristes de l'Union des démocrates indépendants (UDI). Régulièrement tiraillée entre un soutien à la majorité et un soutien au groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, l'UDI laissait miroiter en juin dernier dans L'Opinion, par la voie de son président Jean-Christophe Lagarde, une possible alliance électorale avec La République en marche (LREM) et le MoDem pour les européennes de 2019. Une alliance qui serait presque logique, au regard des convergences européennes entre les Macronistes et l'UDI, tous deux défendant une Europe davantage intégrée et un projet économique de tendance libérale.
Des millions de Français souhaitent voter sincèrement pour la reconstruction d'une nouvelle Union européenne mais refusent que leur bulletin de vote soit utilisé ou interprété comme un soutien à un chef de l'État qui les a tellement déçus
D'ailleurs, l'UDI est membre du parti européen de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ADLE)... tout comme les probables futurs élus du parti présidentiel La République en marche (LREM), qui ont récemment reçu le soutien de l'ADLE et de Guy Verhofstadt, chef de file de ses eurodéputés.
Or, ce 15 décembre, Jean-Christophe Lagarde a expliqué le choix de conduire une liste autonome, approuvé par l'immense majorité des participants du congrès de l'UDI, réunis à Issy-les-Moulineaux. «Des millions de Français souhaitent voter sincèrement pour la reconstruction d'une nouvelle Union européenne mais refusent que leur bulletin de vote soit utilisé ou interprété comme un soutien à un chef de l'État qui les a tellement déçus», a-t-il expliqué, dans des propos cités par l'AFP.
En cas d'élection, le député de Seine-Saint-Denis devra abandonner son poste de parlementaire.
Emmanuel Macron, ciblé par Jean-Christophe Lagarde
Lors de son discours du 15 décembre, Jean-Christophe Lagarde a été en outre peu tendre avec l'actuel chef d'Etat. «Le cœur du projet [d'Emmanuel Macron] est celui de l'Europe des marchés, des banques, de la simple concurrence», a-t-il fustigé, reconnaissant tout de même que le président de la République, comparé «à Mélenchon, à Le Pen, à Wauquiez et même aux socialistes – qui ne savent plus où ils sont [...] – est le moins éloigné [des centristes de l'UDI] quand [ils parlent] d'Europe». Pas suffisant pour Jean-Christophe Lagarde, qui entend défendre un projet différent d'Emmanuel Macron : «Avez-vous entendu une seule politique sociale européenne défendue par monsieur Macron depuis 18 mois auprès de ses collègues, une seule politique d'aménagement du territoire, une seule proposition européenne en matière de transition énergétique, une seule idée de stratégie industrielle commune ?»
Jean-Christophe Lagarde semble toutefois avoir la mémoire courte. Emmanuel Macron avait dévoilé quelques pistes de son projet européen lors de son discours de la Sorbonne du 26 septembre 2017. Il avait notamment évoqué sa croyance «très profonde» en une Europe qui «d[eva]it être à l’avant-garde de la transition écologique efficace et équitable». Un discours qui avait de fait été approuvé publiquement par... Jean-Christophe Lagarde en juin 2018.
Bastien Gouly