Elles ne sont pas passées inaperçues : par un froid glacial sur les Champs-Elysées, cinq jeunes femmes, vêtues d'un vêtement rouge à la capuche ornée de cocarde tricolore, rappelant le bonnet phrygien de Marianne, se sont postées seins nus, le visage impassible, à quelques centimètres des forces de l'ordre.
Si la performance pouvait faire penser aux Femen, cette performance artistique réalisée au début de l'«acte 5» de la mobilisation des Gilets jaunes, ce 15 décembre, était en fait l'œuvre de l'artiste franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, qui se qualifie elle-même de «sextrémiste». Si elle n'a pour l'instant pas commenté cette action, elle avait déjà affiché son soutien aux Gilets jaunes en diffusant sur Instagram le 8 décembre le tableau d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple, sur lequel le drapeau tricolore était remplacé par un gilet jaune fluo.
Coutumière des performances choc, qui lui ont valu de comparaître devant la justice à plusieurs reprises, comme en septembre dernier, lorsqu'elle était apparue dénudée, déguisée en vierge Marie au sanctuaire de Lourdes.
Sa première performance médiatisée date de 2014 : elle avait alors rejoué au musée d’Orsay le tableau L’Origine du Monde de Gustave Courbet, avec l’Ave Maria de Schubert en fond sonore.
Par la suite, entre autres performances très remarquées : elle s'est postée pendant des heures devant la Joconde, au Louvre, cuisses largement ouvertes, afin d' «interroger la place des femmes dans l'histoire de l'art». Ou encore, elle a maculé de sang menstruel le portrait «figé, désincarné, sous vitre» d’une Femen au musée du Quai Branly.
«J’ai compris [...] que ma nudité était une planque par où regarder le monde sans être vue»
Déborah de Robertis est née au Luxembourg en 1984 et a étudié à l’Ecole de recherche graphique de Bruxelles, l’une des principales écoles d’art et de design de Belgique. Elle a été strip-teaseuse dans un bar et a notamment filmé sa prestation, de son point de vue à elle, sur scène.
En deuxième année d'études, elle prend la place d’une prostituée dans une vitrine de Bruxelles. «De femme-objet, je suis devenu sexe-pensant et j’ai compris à partir de là que ma nudité était une planque par où regarder le monde sans être vue», a-t-elle déclaré, dans L'Obs.