Le gouvernement a fait de la loi anti-fake news l'un de ses principaux chevaux de bataille au cours de l'année passée. Seul souci : ses propres membres se prennent parfois les pieds dans le tapis. Dernier exemple en date : Gabriel Attal, secrétaire d'Etat en charge de la jeunesse, a assuré qu'un proviseur avait été aspergé d'essence près de Lyon. Il n'en est rien.
Interrogé le 6 décembre par Libération au sujet de la mobilisation étudiante de ces derniers jours, le secrétaire d’Etat en charge de la jeunesse auprès du ministre de l’Education voulait donner un exemple de la violence accrue dans les mobilisations en France. «Des individus s’en sont pris physiquement à des personnels de l’Education nationale qu’ils ont poussés à terre et aspergés d’essence», expliquait-il, avant d'ajouter : «Les limites du tolérable sont largement dépassées et nous appelons tout le monde à la responsabilité.»
Le lendemain, à l'antenne de RTL, Gabriel Attal abondait en précisions : «On a eu par exemple à Vénissieux un proviseur et un CPE jetés à terre et recouverts d’essence.» Certains journalistes considérant que la parole du gouvernement dispense de toute vérification des faits, Jean-Pierre Pernaut, dans son journal télévisé de 13h sur TF1, reprenait également l'information : «On a aussi vu hier des enseignants aspergés d’essence.»
Seul souci : tout cela est faux. Comme le relate le journal Le Progrès, il y a bel et bien eu des heurts à Vénitieux, mais aucun lycéen n'a tenté de blesser son proviseur : «Des tensions ont bien eu lieu devant le lycée Hélène-Boucher de Vénissieux. Le proviseur et un CPE, qui étaient à l’entrée, ont été pris dans une bousculade. Le proviseur est tombé, entraînant dans sa chute un jeune qui transportait une bouteille contenant de l’essence avec laquelle il venait d’incendier une poubelle. Il s’est donc retrouvé aspergé d’essence mais par accident.»
Le Progrès a d'ailleurs contacté le proviseur du lycée en question : «Il n’y a jamais eu volonté de me viser, j’ai reçu quelques gouttes d’essence dans ma chute. Ils se sont enfuis ensuite. Ce ne sont pas des élèves du lycée».