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«Mes propos n'ont jamais incité à la violence»: visé par une enquête, Eric Drouet répond (INTERVIEW)

Eric Drouet, routier devenu figure embématique des Gilets jaunes, est visé par une enquête pour avoir appelé à rentrer dans l'Elysée. Interrogé par RT France, il nie toute intention violente et dit n'avoir cherché que le dialogue avec le président.

Eric Drouet, le routier devenu figure médiatique des Gilets jaunes, avait appelé à «rentrer» dans l'Elysée sur BFMTV le 5 décembre. Visé depuis par une enquête pour «provocation à la commission d'un crime ou d'un délit» et «organisation d'une manifestation illicite», le contestataire interrogé ce 7 décembre par RT France par téléphone, se défend de toute intention belliqueuse. «Mes propos n’ont pas incité à la violence. Je n'ai pas dit d’entrer pour tout casser. C’est un peu léger de me convoquer pour ce que j'ai dit», réplique-t-il.

Le chauffeur routier, sans se départir de son calme, informe qu'il sera convoqué à 8h le 8 décembre au commissariat de Melun pour une audition libre. Un rendez-vous qu'il honorera avec son avocat, et qui ne devrait pas être long, selon les estimations de l'homme de loi.

«Rentrer» dans l'Elysée ? Eric Drouet développe son interprétation toute personnelle de l'approche tactique du palais présidentiel. «Depuis le début, tout le monde se dirige vers l'Elysee. Le but est d'aller devant le pouvoir. C'est quand on s’est approché le plus qu’il y a eu le moins de débordements», remarque-t-il. 

Aller juste devant : on se serait posé et on aurait attendu

«On se doute bien qu’on ne pourrait pas rentrer dedans, mais au moins aller juste devant : on se serait posé et on aurait attendu», détaille Eric Drouet. Le silence d'Emmanuel Macron le heurte. «On demande d'aller au plus proche de celui qui nous méprise, d'aller là où il est censé être pour lui parler», plaide-t-il. «On veut qu'il prenne connaissance de notre cause ou de nos envies. Alors qu'il n'a pas fait de sortie médiatique, de retour... Cela nous met dans une situation très bizarre», déplore-t-il.

Ses appels à l'abordage de l'Elysée n'étaient selon lui qu'un appel à «ouvrir le dialogue». «Il délègue tout à ses ministres. Il considère notre mouvement comme une crise et non comme un appel de détresse», accuse-t-il. Est-il conscient que d'autres Gilets jaunes peuvent avoir des intentions moins pacifiques ? «Je sais que certains sont plus ou moins virulents, mais pour ma part, j'ai juste voulu envoyer un signe pour que le président nous entende», argumente-t-il.

Eric Drouet raconte qu'il appris qu'il était visé par une enquête en se réveillant, après quelques heures de sommeil dans son camion, car il était sur la route. Pendant ce temps, la police avait perquisitionné son appartement, saisi ordinateur, clés USB et disques durs. Sa compagne, qui ne prend pas part au mouvement des Gilets jaunes, a quant à elle subi un interrogatoire de cinq heures pour évoquer les faits et gestes et la personnalité d'Eric Drouet.

Pour lui, ces démarches de la justice interviennent pour freiner ses comparses. «Ils essaient par tous les moyens de stopper ce mouvement», estime Eric Drouet.

Les Gilets jaunes toujours aussi remontés

La reculade de l'exécutif qui a annoncé qu'il n'augmenterait finalement pas les taxes sur le carburant en 2019 aurait-elle apaisé les Gilets jaunes ? «L'annonce n'a rien changé pour personne, car les taxes sont juste reportées. Les gens savent bien que lorsqu'une augmentation est gelée, ils le paieront plus cher après. Les politiques se rattraperont de plus belle», estime-t-il.

La chauffeur routier, qui jusqu'ici n'avait jamais milité, explique avoir lancé le mouvement à cause du ras-le bol. «Les gens ont l'impression de voter tous les cinq ans et ensuite de ne plus avoir leur mot à dire. Ils ont l’impression de n'être là que pour travailler et se faire taxer», se plaint-il. Il compte bien profiter du mouvement populaire pour porter ses revendications : «Ce qui ressort, c’est le référendum d’initiative citoyenne. Le peuple souhaite décider de son avenir et de tout ce qui se passe en France, que les privilèges accordés aux ministres et au président cessent, et que de nouvelles mesures permettent un traitement égalitaire». 

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