France

Des députés LREM propagent une fake news complotiste sur les Gilets jaunes

Plusieurs élus macronistes se sont jetés sur une rumeur selon laquelle le site «giletsjaunes.com» avait été créé peu après l'élection d'Emmanuel Macron par des Américains partisans de Steve Bannon. Problème, il s'agissait d'un pur fantasme.

La théorie du complot pour expliquer la création du mouvement des Gilets jaunes ? L'idée était forcément séduisante pour les députés et sympathisants de La République en marche (LREM), en pleine vague de contestation sociale.

Malheureusement pour certains élus LREM, la réalité est sensiblement différente. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, Aurore Bergé, Emilie Chalas ou encore Coralie Dubost n'ont pas hésité, comme le rapporte la plateforme CheckNews de Libérationà partager sur les réseaux sociaux «une capture d’écran d’un site permettant de faire des recherches sur les noms de domaine, semblant indiquer que le site "giletsjaunes.com" a été créé à Denver (USA) le 15 mai 2017, soit quelques jours après l’arrivée de Macron au pouvoir».

Certains commentaires, comme celui d'Emilie Chalas, laissaient en outre entendre que derrière la manœuvre, se trouvait Steve Bannon, l'un des stratèges de la campagne présidentielle de Donald Trump.

Les Gilets jaunes manipulés par Steve Bannon ? Pas vraiment...

D'après le quotidien, c'est en fait le compte militant «Team Macron» qui a véritablement enclenché la propagation de cette théorie farfelue. «Ce serait bien que les gens commencent à s'intéresser à ce que fait Steve Bannon en Europe...», commentait la «Team Macron», sous la capture d'écran.

Les Gilets jaunes auraient-ils ainsi été manipulés de l'extérieur ? Malheureusement pour les militants macronistes, dont certains avaient également relayé la fausse information, CheckNews a livré toute l'explication.

Dans les faits, le nom de domaine giletsjaunes.com avait déjà été créé en 2015 pour contester les réformes de Vincent Peillon, alors ministre de l'Education nationale. L'idée des Gilets jaunes était donc antérieure à l'arrivée d'Emmanuel Macron à la tête de la République. Le Monde avait d'ailleurs publié le 6 septembre 2014 un article liant des Gilets jaunes avec une contestation contre les rythmes scolaires.

Libération souligne en outre que le nom de domaine a ensuite été racheté en 2017 par NameBright, «une société de gestion de noms de domaine, qui l’a rapidement mis en vente». L'adresse américaine qui figure donc sur la capture d'écran n'est autre que... la localisation de la société.

Plus récemment, le 23 novembre 2018, soit plusieurs semaines après le début du mouvement de contestation français, le nom de domaine a été racheté.

Après avoir constaté leurs bévues, les députés macronistes ont tous supprimé leurs publications. Ironie de l'histoire, La République en marche a été à la base d'une loi controversée contre la manipulation de l'information, visant à faciliter la suppression de comptes accusés de propager de fausses nouvelles.

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