France

Acte 3 de la mobilisation des Gilets jaunes : le jour d'après (EN CONTINU)

Au lendemain de la troisième mobilisation des Gilets jaunes à Paris, le climat reste tendu. Après s'être rendu à l'Arc de triomphe et avenue Kléber, Emmanuel Macron a convoqué une réunion d'urgence à l'Elysée.

Dimanche 2 décembre

Interrogé sur le plateau de RT France, Djordje Kuzmanovic, analyste géopolitique, est revenu sur le mouvement des Gilets jaunes, qu'il a qualifié de «réponse spontanée du peuple à une situation de crise économique et politique». Dans son analyse, ex-orateur national de La France insoumise n'a pas tant blâmé Emmanuel Macron que l'Union européenne : «Ce serait tout à fait faux de dire que Macron est absolument responsable de tout. Les mesures les plus dures contre le peuple de France qu'il a pris l'année dernière, la modification de la loi travail, le changement de statut de la SNCF, les atteintes au statut de fonctionnaire sont des demandes de l'Union européenne.»

Des équipes du service de propreté de la capitale s'activent pour réparer les dégâts au lendemain de la mobilisation parisienne des Gilets jaunes. 

Selon l'AFP, de nombreuses stations-services du Finistère et du Morbihan étaient en rupture totale ou partielle de carburant ce 2 décembre, en conséquence du blocage des dépôts pétroliers de Lorient et de Brest par des indépendants du BTP rejoints par des Gilets jaunes. 

Remy Heitz, procureur de la République à Paris, a annoncé que les personnes déférées encourent des peines allant de trois à sept ans d'emprisonnement.

Sur les 249 incendies recensés le 1er décembre à Paris, dont 130 mobiliers urbains 112 véhicules et 6 bâtiments, selon le préfet de police de Paris.

Au cours d'une conférence de presse, Michel Depuech, préfet de police de Paris, a dénoncé des «violences d’une gravité sans précédent».

Dans une interview publiée ce 2 décembre dans Le Parisien, Anne Hidalgo a annoncé que la ville de Paris planchait sur la création d'«un fond de garantie» pour accompagner les commerçants victimes des dégradations commises en marge des manifestations organisées par les Gilets jaunes : «Les services de la Ville vont recenser avec les commerçants toutes les dégradations pour les accompagner»

«On va regarder pour un fonds d’urgence, de garanties, en appelant l’État à ses responsabilités. On a malheureusement l’habitude de ce type de dispositif que nous avons mobilisé au moment des attentats de 2015 où l’activité économique de la capitale avait chuté de façon vertigineuse.», a-t-elle par ailleurs expliqué. 

Sur Twitter, le chef de l'Etat a publié une vidéo dans laquelle il remercie l'action des forces de l'ordre : «J’ai tenu à venir vous saluer. Vous ne comptez ni votre engagement ni vos heures pour protéger nos concitoyens, l’ordre public et la République. Merci pour votre courage sans faille.»

Selon Nicole Belloubet, «environ deux tiers» des 372 personnes qui ont été interpelleées et mises en garde à vue pour des violences commises lors de la manifestation parisienne des Gilets jaunes, seront déférées.

«Que disent les Français que j'ai rencontrés ? Que Macron doit maintenant partir» a affirmé, non loin du palais de l'Elysée, le député de la France insoumise François Ruffin. 

Au lendemain de la mobilisation nationale des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre Edouard Philippe de recevoir «les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants».

La rencontre, dont la date n’a pas été encore fixée, a pour objectif de répondre au «souci constant de dialogue» de l'exécutif, selon la présidence. Lors d'une réunion de crise à l'Elysée, le chef de l'Etat a également «souhaité qu'une réflexion soit menée par le ministre de l'Intérieur pour l'adaptation du dispositif de maintien de l'ordre dans les temps à venir».

D'après l'Elysée, Emmanuel Macron ne s'exprimera pas ce 2 décembre sur les Gilets jaunes. 

Selon un communiqué de la Haute-Assemblée, la commission des lois du Sénat auditionnera le 4 décembre le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d'Etat Laurent Nunez «sur les émeutes, les agressions contre les forces de sécurité et les actes de vandalisme et de destruction» observés le 1er décembre, au cours de la manifestation des Gilets jaunes. 

Ils devront notamment apporter des explications sur «les moyens mis en place (...) pour y faire face». Ils seront également entendus sur «les dispositions nouvelles qui doivent impérativement être prises pour prévenir la répétition et l'aggravation de ces troubles d'une extrême gravité, sans porter atteinte au droit constitutionnel des Français d'exprimer leurs opinions et leur mécontentement par des manifestations non violente».

Revenu à l’Élysée, le chef de l’État a présidé pendant environ une heure et demie une réunion de crise avec le Premier ministre Édouard Philippe, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'État Laurent Nuñez ainsi que le ministre d'État chargé de la Transition écologique François de Rugy.

A peine arrivé d’Argentine où il a participé au G20, Emmanuel Macron s’est rendu à l’Arc de triomphe et avenue Kléber, théâtres de violents heurts le 1er décembre, accompagné du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et du secrétaire d'Etat Laurent Nunez. Présents à proximité du chef de l’Etat, des Gilets jaunes ont réclamé sa démission. 

Pour le troisième week-end consécutif, les Gilets jaunes se sont réunis en masse aux abords des Champs-Elysées mais aussi ailleurs en France. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, 136 000 personnes se sont mobilisées le 1er décembre dans toute la France, 263 personnes ont été blessées, dont 81 membres des forces de l'ordre. Pour Paris, les chiffres de la place Beauvau dénombrent 8 000 manifestants. Dans la capitale, 133 personnes ont été blessées et 412 interpellées, dont 378 ont été placées en garde à vue. 

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