France

Pour le gouvernement, les Gilets jaunes «insultent la République» en s'attaquant à ses symboles

Le gouvernement a réagi avec virulence aux heurts entre manifestants et policiers, qualifiés d'«insulte à la République». Pour l'opposition, une poignée de casseurs visent à discréditer un mouvement «d’une puissance croissante et redoutable».

Le troisième samedi de mobilisation des Gilets jaunes, décidés à maintenir la pression sur le gouvernement, a été marqué par de nombreux incidents et par une situation globalement très tendue dans la capitale ce 1er décembre.

Du gouvernement à l'opposition, l'analyse des événements est toutefois diamétralement opposée. Le gouvernement a dénoncé la violence des manifestants contre les forces de l'ordre, soutenant que ces derniers s'attaquaient à la République et à ses symboles. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a ainsi qualifié les incidents d'«intolérables», estimant que la volonté «affichée et assumée de s’attaquer [aux] forces de l’ordre, aux symboles de notre pays, [étaient] une insulte à la République». 

Sur le même ton, le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit «choqué» par des scènes d'une «violence rarement atteinte». «Au risque d’être vieux jeu, j’ai été choqué par les images portant atteinte aux symboles de la République», a-t-il déclaré depuis le poste de commandement de la préfecture de police de Paris.

«La flamme du soldat inconnu. Voilà ce qu'ils attaquent en ce moment», a renchérit sur BFMTV le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez, bien que certains Gilets jaunes aient par la suite été filmés en train de se positionner tout autour pour la protéger.

L'opposition dénonce les casseurs qui discréditent le mouvement

Le leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a apporté une lecture bien différente de la situation, insistant sur le rôle joué par les forces de l'ordre dans les heurts. «Incroyable acharnement contre les manifestants pacifiques place de l'Etoile», a-t-il écrit sur Twitter. «Pour bien comprendre : place de l'Etoile, les manifestants sont encerclés dans une nasse et bombardés sans issue. Le pouvoir veut un grave incident pour jouer la peur», a-t-il ajouté dans un deuxième message.

Un point de vue pas forcément partagé de l'autre côté de l'échiquier politique, qui a admis tout en la dénonçant, la présence de casseurs. La présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a ainsi salué les Gilets jaunes qui ont «fait rempart de leurs corps et ont chanté la Marseillaise pour protéger la flamme du soldat inconnu contre les casseurs». «Vous êtes le peuple de France se dressant contre la racaille !», a-t-elle lancé sur Twitter.

Le président de Debout la France (DLF) Nicolas Dupont-Aignan, a quant à lui condamné les violences en marge de la mobilisation, tout en suggérant qu'il s'agissait d'une stratégie pour discréditer le mouvement. «Toujours le même cinéma sur les Champs-Elysées pour discréditer le mouvement. Partout en France, des salariés, retraités, ouvriers, infirmières, artisans, commerçants...manifestent pacifiquement», a-t-il écrit.

Une analyse partagée par le président des Patriotes, Florian Philippot, qui a déclaré que le président français «[cherchait] l'incident à Paris» mais que la situation en province où règne la «bonne ambiance» était caractéristique du mouvement. «Macron est haï et le mouvement populaire est d’une puissance croissante et redoutable», a-t-il tweeté, agrémentant son message d'un hashtag «dissolution».

Enfin, le porte-parole des Républicains (LR), Gilles Platret, a jugé de son côté que «les images de violence exacerbée au pied de l'Arc de Triomphe, symbole de la gloire française profané par des hordes de casseurs» étaient «une honte», tout en indiquant que «les Républicains [réaffirmaient] leur entier soutien aux revendications des vrais Gilets jaunes sur le pouvoir d'achat».

«Il est impératif, aujourd'hui plus que jamais, que le gouvernement de la République fasse un geste significatif en direction des justes réclamations des Gilets jaunes», a-t-il ajouté dans un communiqué.

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