Confronté à ses contradictions, rappelé à l'ordre, malmené, Jawad Bendaoud, le tristement célèbre logeur des terroristes des attentats du 13 novembre 2015, est littéralement sorti de ses gonds au Palais de justice de Paris le 28 novembre. Lors de son premier interrogatoire de l'audience en appel, l'accusé s'est même permis de menacer le président qui soulignait les incohérences de son discours.
Ma mère, la reine des p*** si je mens !
«A un moment ça va péter monsieur le juge !», a vociféré l'accusé, qui estimait être injustement accablé après trois heures d'un interrogatoire serré.
Cuisiné par le président de la cour d'appel, l'accusé a perdu toute maîtrise au fil des questions, soufflant et abaissant frénétiquement la fermeture éclair de son jogging rouge. Alors que sa colère montait face au président, qui estimait que ses versions variaient, Jawad Bendaoud a perdu pied. «Vous parlez beaucoup, mais vous n'êtes pas toujours très clair», a tancé le magistrat. Agacé qu'on mette sa parole en doute, Jawad Bendaoud a perdu le contrôle, poussant le président à lui ordonner de changer de ton.
Rouge de colère, en pleurs, tapant sur le pupitre et hurlant, Jawad Bendaoud s'est mis à cracher de rage. Très emporté, l'accusé a hurlé : «Mettez-moi six ans, vous croyez que vous allez me faire peur ?» et a juré ne jamais avoir «hébergé de terroristes». Le président a dû suspendre deux fois l'audience. Toujours dans la salle, le logeur a continué à craquer. «Ma mère, la reine des p**** si je mens !», a-t-il éructé.
Jawad Bendaoud, jugé en appel pour «recel de malfaiteurs terroristes», n'a pas varié dans sa ligne de défense. Neuf mois après avoir été relaxé, il comparaissait libre et a persisté à affirmer qu'il ignorait tout des tragiques desseins de ses locataires éphémères. «A aucun moment, j'ai pensé que j'allais héberger des mecs qui avaient tué plus de 100 personnes», a-t-il assuré. Il n'aurait même pas compris immédiatement qu'ils étaient à l'origine des attentats.
Mettez-moi six ans, vous croyez que vous allez me faire peur ?
L'accusé a tenté de répondre, tant bien que mal, aux questionnements de la cour. Il appelle ses locataires «frères» ? Le délinquant explique que c'est usuel à notre époque, et que c'est l'équivalent de «sire chez les bourgeois».
Est-il lui même dans la mouvance salafiste ? «J'ai jamais été dans ce délire-là», a-t-il assuré.
Jawad Bendaoud s'est livré au récit des jours ayant précédé les attentats, entre sexe, prise de cocaïne et petits trafics. Aucune révélation n'a émergé de ce face-à-face tendu. Rien ne diffère des propos tenus lors du premier procès, mis à part les doutes quant à ses relations avec Hasna Aït Boulahcen, qu'il a cette fois nié avoir connue avant le 17 novembre.
L'audience reprendra le 29 novembre à 13h30.
Ce délinquant multirécidiviste, notamment condamné en 2008 à huit ans de prison pour une rixe dans laquelle son meilleur ami a été tué et pour détention de stupéfiants, avait rapidement rechuté après sa relaxe. Début novembre, il a été condamné en appel à un an de prison avec sursis assorti d'une mise à l'épreuve pour avoir violenté et menacé de mort son ex-compagne. En juillet, il a été condamné à huit mois de prison pour avoir injurié des policiers à Saint-Denis, une peine qu'il effectue avec un bracelet électronique.
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