De droite comme de gauche, 12 des 13 présidents de régions à l'exception de Xavier Bertrand, interpellent le président de la République sur le mouvement des Gilets jaunes et exigent des «mesures d'urgence» en évoquant «l'expression vivante d'une fracture territoriale et sociale» dans une tribune parue dans l'Opinion ce 27 novembre, en amont du discours très attendu d'Emmanuel Macron.
«Ce serait une très grave erreur de caricaturer leur révolte en un mouvement extrémiste manipulé par l'ultra-droite ou l'ultra-gauche», disent les élus qui appellent le gouvernement à «changer de discours, reconnaître la souffrance de nos compatriotes, et pas la nier [...], prendre des mesures d'urgence et en premier lieu un moratoire sur la hausse des taxes au 1er janvier».
Ce serait une très grave erreur de caricaturer leur révolte en un mouvement extrémiste manipulé par l'ultra-droite ou l'ultra-gauche
Les présidents de région suggèrent également qu'il faut «prendre le temps de la fiscalité écologique, de la réécrire d’une manière qui soit socialement plus acceptable, plus transparente et mieux ciblée». Et d'ajouter : «Au plan social, les régions en appellent à l’Etat [avec] la mise en place d'un système d’accompagnement des individus les plus modestes et dépourvus de solutions alternatives de mobilité.»
Le mouvement des Gilets jaunes est l'expression vivante de la fracture territoriale et sociale dans notre pays
Ce texte est signé par des présidents de régions de droite (Valérie Pécresse en Ile-de-France, Renaud Muselier en Paca, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône Alpes, Jean Rottner dans le Grand Est et Christelle Morançais dans les Pays de la Loire), du centre (Hervé Morin en Normandie), de gauche (François Bonneau dans le Centre-Val-de-Loire, Carole Delga en Occitanie, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté , Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine ou Loïg Chesnais Girard en, Bretagne) ou le président exécutif du Conseil de Corse Gilles Simeoni. Seul le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (ex-LR), ne figure pas parmi les signataires.
Pour ces élus, «le mouvement des Gilets jaunes est l'expression vivante de la fracture territoriale et sociale dans notre pays. Il exprime la colère de nos concitoyens des territoires péri-urbains et ruraux, contraints de se loger toujours plus loin», analysent-ils.
Les habitants sont «percutés de plein fouet par les variations des prix des carburants, et stigmatisés en tant qu’automobilistes alors que le parc automobile ne représente pas plus de 15% des émissions de gaz à effet de serre», relèvent encore les 12 présidents de région, selon qui «les bâtiments représentent 40% de la consommation énergétique».
Le 26 novembre, le chef de l'Etat a assuré en Conseil des ministres qu'il n'y aurait «pas de renoncement» mais «pas non plus l'aveuglement», après un weekend marqué par de nombreuses manifestations, dont certaines, émaillées de violences, comme par exemple sur les Champs-Elysées à Paris.