France

Inquiétude autour de la hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers

Le gouvernement a annoncé la hausse des frais d'inscription à l'université pour les jeunes extra-européens. L'opposition et des syndicats s'en offusquent. Ils craignent une généralisation de la hausse à tous les étudiants. Le gouvernement dément.

Lors d'une conférence à Paris le 19 novembre, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, d'un côté, l'augmentation des frais d'inscription universitaires pour les jeunes extra-européens afin d'améliorer les conditions d'accueil et, de l'autre, un financement accru des bourses. La France ambitionne de porter d'ici 2027 à 500 000 le nombre d'étudiants étrangers qu'elle accueille chaque année, contre un peu plus de 300 000 actuellement, a-t-il déclaré en présentant cette stratégie d'«attractivité». 

Ces annonces ont été perçues d'un mauvais œil par les syndicats et les personnalités politiques d'opposition.

«Ce n'est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’Etat», s'indigne ainsi le premier syndicat étudiant, la Fage. Le syndicat de gauche, l'Unef, s'est lui inquiété d'«un renforcement de la précarité sociale et [d']une fermeture des portes de l’enseignement supérieur français».

Dans un communiqué, Sud éducation a quant à lui raillé le slogan utilisé par Edouard Phillipe : «Sous l'intitulé abject "bienvenue en France", le gouvernement fait ainsi le choix de l'immigration choisie.»

Parmi les hommes politiques, Benoît Hamon, fondateur de Génération.s, a demandé au gouvernement d'«assumer le hashtag #dehors plutôt que le cynique #BienvenueEnFrance». «Vous interdisez de facto la venue d'étudiants africains en leur imposant des frais d'inscription prohibitifs», a-t-il ajouté.

La France insoumise (LFI) a écrit un communiqué dévoilant un paradoxe macronien : «Alors que Macron dit lutter contre Trump et Salvini, il érige un mur de l’argent qui repoussera hors des universités beaucoup d’étudiants.»

La Cour des comptes préconise «la fin de la quasi-gratuité de l’université»

La contestation est montée d'un cran le 22 novembre. Le Monde a effectivement publié un rapport de la Cour des comptes qui préconise «la fin de la quasi-gratuité de l’université, en priorité en master».

Par voie de conséquence, l'Unef, entre autres, a de nouveau communiqué sur Twitter : «Ce n’est pas aux étudiants de compenser le désengagement de l’Etat dans le financement des universités.»

La députée de LFI Caroline Fiat a trouvé que «la ficelle [était] grosse», celle de «préparer la hausse des frais d'inscription à la fac en commençant par les étudiants étrangers non-européens». Une injustice selon l'élue de Meurthe-et-Moselle. La mesure serait «inacceptable», selon le député LFI de l'Ariège, Michel Larive.

Le 21 novembre à l'Assemblée nationale, en réponse à l'interrogation de la député La République en marche (LREM) de Haute-Savoie Marion Lenne sur l'accessibilité des études, après le rapport choc de la Cour des comptes, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait tenu à rassurer les éventuelles contestations et réfuter une application éventuelle des préconisations de la Cour des comptes. Et la ministre de rappeler qu'il «n'a[vait] jamais été question d'augmenter les frais d'inscription pour l'ensemble des étudiants».

Lire aussi : Parcoursup : l'Etat paiera les étudiants prêts à accepter une autre université loin de chez eux