Le 24 novembre 2017, soit un an avant le mouvement des «gilets jaunes», les sénateurs Jean-François Husson (LR) et Ronan Dantec (ex-EELV) avaient déjà alerté le gouvernement sur le risque de «voir naître une nouvelle vague de bonnets rouges» contre la hausse des taxes sur les carburants lors de l’examen du projet de loi de finances 2018.
Evoquant l'échec de l'écotaxe, les sénateurs avaient particulièrement mis en garde contre un abondement de cette taxe vers le budget de l'Etat au lieu de la transition écologique.
Il faut gagner l’appui des territoires, ce sont ceux qui habitent dans les zones périurbaines qui subiront le plus l’augmentation, parce que condamnés à la mobilité thermique aujourd'hui. Si vous ne les aidez pas, cela ne marchera pas !
Jean-Paul Husson avait notamment déclaré : «Depuis toujours, nous combattons ce que nous appelons la fiscalité punitive. Or c’est malheureusement pour partie ce que l’on nous propose. Nous invitons donc aujourd'hui le gouvernement à revoir la manière» et Ronan Dantec de renchérir : «Il serait désastreux, c’est l’écolo de service qui le dit, que l’on fasse apparaître finalement la fiscalité écologique comme un moyen de rééquilibrer le budget de l’Etat. En d’autres termes, il ne faudrait pas que la tonne de carbone devienne la nouvelle vache à lait de l’Etat. [...] Si vous ne tenez pas un discours politique cohérent pour signifier qu’il n’en est pas ainsi, alors on assistera dans les mois, dans les années à venir à une levée de boucliers massive contre cette mesure, et au-delà contre les changements de comportements que doit favoriser la fiscalité écologique [...] Il nous faut gagner l’appui des territoires car ce sont ceux qui habitent dans les zones périurbaines qui subiront le plus l’augmentation de la fiscalité, parce que condamnés à la mobilité thermique aujourd'hui. Si vous ne les aidez pas, cela ne marchera pas !»
Or, Gérald Darmanin n'avait pas semblé sensible à l'argumentaire des parlementaires et avait balayé sur un ton ironique : «Alors je veux bien que vous parliez des nouveaux bonnets rouges... Et puis, finalement de la nouvelle jacquerie qui arriverait, mais la vérité, c’est que la majorité précédente s’est trouvée confrontée à un problème».
Le Ministre de l'Action et des Comptes publics avait ensuite estimé que sans les recettes de l'écotaxe, il n'y avait pas d'autre solution que de taxer les carburants : «Il n'y a toujours pas de financement magique», avait-il expliqué, pédagogue. Le ministre des Comptes publics justifiait alors la hausse programmée des taxes sur les carburants par la nécessité de financer les investissements dans les transports, comme le TGV ou le Canal Nord-Europe en semblant répondre directement à la question qu'il résumait ainsi : «Les sénateurs Dantec et Husson soulèvent une vraie question : la fiscalité écologique doit-elle servir directement à la transformation écologique ou abonder le budget de l’Etat ?»