Confronté à une cote de popularité très basse et à un mouvement de blocage prévu le 17 novembre qui prend de l'ampleur, le gouvernement semble lâcher du lest sur l'accompagnement de sa taxe carbone en proposant un élargissement du chèque énergie et une «super prime» à la conversion.
Mais s'il a annoncé une augmentation des aides pour changer de véhicules et payer ses factures d'énergie, le Premier ministre Edouard Philippe a fait savoir ce 14 novembre que l'exécutif entendait maintenir la taxe sur les carburants : «On ne va pas annuler la taxe carbone, nous n'allons pas changer de pied, nous n'allons pas renoncer à être à la hauteur de cet enjeu qui est considérable». Et d'ajouter : «Mais nous avons également entendu le besoin exprimé par les Français d'être accompagnés dans cette transition, car elle est difficile». Le chèque énergie, versé aux ménages modestes pour les aider à payer leurs factures d'énergie, sera élargi pour toucher 5,6 millions de foyers, selon cette annonce.
Le gouvernement a également décidé de créer une «super prime» à la conversion pour les véhicules pour 20% des ménages les plus modestes ou eux qui roulent plus de 60 à 70 km par jour et qui sont non imposables, qui atteindra jusqu'à 4 000 euros doublant ainsi la prime existante.
Sans surprise, le chef de file du Modem, François Bayrou, a salué, «une recherche de ce qui est juste» à la suite de ces annonces, mais l'opposition a immédiatement dénoncé la surdité du gouvernement face à la colère de la rue.
Toutes ces petites mesurettes, est-ce qu'elles compensent l'explosion de la facture sur l'essence et le diesel ? Non
«Il y a une seule solution pour répondre [à la colère des Français], c'est d'arrêter les hausses de taxes, tout le reste c'est de la micro-rustine [...]. Toutes ces petites mesurettes, est-ce qu'elles compensent l'explosion de la facture sur l'essence et le diesel ? Non», a réagi sur BFMTV le chef des Républicains, Laurent Wauquiez.
Pour sa part, Louis Aliot, député RN des Pyrénées-Orientales, a estimé sur Franceinfo que le gouvernement «n'a[vait] rien entendu», martelant : «Augmentation des péages, des assurances, des contrôles techniques, etc. La voiture est la vache à lait du gouvernement et les Français sont pris à la gorge.»
A gauche de l'échiquier politique, Eric Coquerel de la France insoumise, dénonce le «flou» des mesures annoncées et estime sentir «la fébrilité du gouvernement». Selon l'élu de Seine-Saint-Denis, Les Français ne se mobilisent pas que pour les prix des carburants : «C’est un ras-le-bol général qui s’exprime !»
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