Le gouvernement français et le président Emmanuel Macron ont affiché à plusieurs reprises depuis 2017 leur animosité envers RT France. Le 11 novembre, en marge du Centenaire de l'Armistice de la Première Guerre mondiale, Vladimir Poutine a évoqué cette situation, lors d'une interview exclusive accordée à la présidente de RT France, Xenia Fedorova.
Alors que fin octobre, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux déclarait qu'il ne voulait pas que RT France accède à la salle de presse de l'Elysée, et au moment où la majorité présidentielle défend des propositions de loi contre «la manipulation de l'information», RT se trouvant dans le collimateur, le chef de l'Etat russe a regretté la «constitution de listes d'autorisations d'accès», qui sépareraient les médias que le pouvoir juge «bons» de ceux qui «seraient mauvais».
Cela va à l'encontre et n'a rien à voir avec la démocratie et est inacceptable
«A mon avis, cela va à l'encontre et n'a rien à voir avec la démocratie et est inacceptable», s'est insurgé Vladimir Poutine, notant en outre, non sans ironie, que les pays occidentaux avaient «toujours dit que l’un des principes essentiels de la démocratie était la liberté de diffusion de l’information».
En outre, le maître du Kremlin a souhaité que la France et les autres pays respectent le principe consistant à octroyer à leurs citoyens la liberté de faire leur choix parmi différentes sources d'information, afin d'évaluer celles-ci et de se faire leur propre opinion. «Si l'on n’est pas d’accord avec quelque chose, il faut présenter un point de vue opposé, donnant aux spectateurs, aux auditeurs, aux utilisateurs d’Internet la possibilité d’y voir clair par eux-mêmes, de décider où est la vérité et où cette vérité est déformée. C’est le chemin à prendre, à mon avis», a-t-il fait valoir.
Une inimitié de longue date du camp Macron vis-à-vis de RT
Le 22 octobre, lors d'une interview pour le site PureMédias, Benjamin Griveaux avait justifié les différents refus d'accréditation de RT France à l'Elysée, accusant RT France de «propagande payée par un Etat étranger».
Il est néanmoins à noter que ce 11 novembre 2018, pour sa couverture des commémorations du centenaire de la fin de la Grande Guerre, la journaliste de RT France Vera Gaufman a été autorisée à accéder à la cour de l'Elysée (mais non, convient-il de le préciser, au palais présidentiel proprement dit).
En tout état de cause, dès la campagne présidentielle de 2017, les équipes d'En Marche! avaient accusé RT de diffuser des «fake news», sans apporter de preuves à l'appui de ces graves allégations. Toutefois, en mars dernier, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et du ministre de l'Action publique Mounir Mahjoubi admettait que RT ne relayait pas de «fake news» – contrairement à ce qu'avait affirmé jusqu'alors le camp macronien – mais que son «état d'esprit» dérangeait.
Après l'élection d'Emmanuel Macron, les journalistes de RT France ont essuyé de nombreux refus, sans obtenir, jusqu'aux déclarations de Benjamin Griveaux, d'explication claire justifiant un tel traitement. Fin mai dernier, par exemple, un journaliste de RT France s'était vu interdire l'accès à l'Elysée par un gendarme, sur consigne expresse de la présidence et malgré présentation de sa carte de presse.