France

Une députée macroniste dénonce «un puissant lobby LGBT» à l'Assemblée, Griveaux la recadre

Députée de La République en marche, Agnès Thill était connue pour ses positions contre l'ouverture de la PMA aux couples de femmes. Elle a été recadrée par son camp après avoir dénoncé l'existence d'«un lobby LGBT à l'Assemblée nationale».

Agnès Thill, députée de La République en marche (LREM) de l'Oise, a choqué sa propre majorité en fustigeant publiquement le 8 octobre «un puissant lobby LGBT» à l’Assemblée nationale.

Elle s'exprimait en échangeant sur Twitter au sujet de l'ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes, avec sa collègue députée LREM Elise Fajgeles. Opposée à une telle extension  de la PMA, Agnès Thill a jugé que la chambre basse du Parlement, ne rendait pas compte de la diversité des points de vue de la société française. «Il y a un puissant lobby lgbt à l’AN [Assemblée nationale] et l’AN n’est pas la France. Ici [en circonscription], les avis sont tout autre», a tweeté l'élue de l'Oise.

Levée de boucliers au gouvernement et chez LREM

Ces propos ont provoqué une levée de boucliers dans son propre camp. A commencer par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, qui a affirmé que ce «terme de "lobby LGBT" [était] absolument inacceptable et n’a[vait] pas sa place dans le débat public». «Pas d’ambiguïté de mon côté», a-t-il poursuivi en réponse à l'association de défense des familles homoparentales ADFH qui s'inquiétait de la reprise d'une expression «anxiogène utilisée par tous les sites d'extrême droite et les sites de désinformation».

Même son de cloche chez le secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, qui a assuré sur Twitter qu'«il n’existait aucun "lobby LGBT" [mais] juste des gens qui veulent vivre librement et d’autres gens qui les soutiennent, parce que leur identité leur sexualité ou leur amour ne retire rien à personne». «Fantasmer sur un lobby gay = premier pas vers l’homophobie», a-t-elle ajouté.

Le député LREM de Charente-Maritime Raphaël Gérard a lui aussi condamné les mots d'Agnès Thill, en «rappelant le droit de toute personne LGBT à être représentée au même titre que des minorités religieuses radicales». «Je constate que tu représentes bien La Manif Pour Tous à l'Assemblée nationale», a-t-il étayé.

Ce à quoi Agnès Thill lui a répondu : «Je ne représente aucune religion. Encore moins une minorité religieuse radicale. Ni la manif pour tous. Peut on encore parler dans ce pays? Sans être aussitôt catalogué de reac., conservateur, religieux, homophobe etc.»

Agnès Thill, une rare marcheuse à s'opposer ouvertement à la future loi sur la PMA

Sur cette question sociétale, Agnès Thill n'avait pas caché jusqu'alors être à contre-courant de la promesse présidentielle d'extension de la PMA et du projet de loi prévu en débat à l'Assemblée nationale début 2019.

Le 24 octobre, elle avait notamment écrit sur les réseaux sociaux : «La PMA pour femmes seules exclut l’autre parent. Est-ce mon rôle de créer une situation qui exclut l’Autre ? Voulons nous créer une société qui exclut l’Autre ? Moi non.»

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