France

«Privatisation» de la sécurité ? Les forces de l'ordre niçoises en colère contre les maîtres-chiens

Un syndicat de police alerte sur une privatisation des missions de police après que la ville de Nice, dirigée par Christian Estrosi, a décidé de compléter la présence policière de certains quartiers avec une société embauchant des maîtres-chiens.

La ville de Nice a annoncé le 24 octobre «la mise en place d’un dispositif de maîtres-chiens pour compléter la présence de la police municipale et les interventions de la police nationale», invoquant la nécessité de «réduire les incivilités» dans cinq secteurs de la ville, pour «une période d’un mois et sur une plage horaire déterminée». Le maire Christian Estrosi a déclaré à cette occasion : «Je souhaite avec ce dispositif compléter l'action des forces de l'ordre avec des relais et des actions différenciées au service du bien-être des Niçois»... et de mentionner «sur certains créneaux, l'appui d'agents de sécurité privés accompagnés d'auxiliaires canins».

Mais les policiers de la ville ont pris ombrage de cette incursion du secteur privé dans leur travail. Cédric Michel, président du syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), a ainsi rappelé : «La sécurité publique doit rester dans la sphère publique et relever d'une autorité publique.» Et d'ajouter : «Dans la rue, les agents de sécurité privée sont des citoyens lambda, sans aucun pouvoir de police. Où va-t-on si on leur donne le droit de dire à des gens "Dégagez de là", on est en train de privatiser la police, c'est gravissime.»

Dans un communiqué, Patrick Allemand, opposant socialiste de la mairie, a aussi dénoncé «un pas vers la privatisation de la sécurité», et a estimé que cette mesure était «d’autant plus incompréhensible» que la police municipale de Nice avait les effectifs les plus élevés de France, disposant de 2 173 caméras de vidéosurveillance».

Ultimatum : le 25 octobre, le syndicat représentant les policiers municipaux a envoyé un recours administratif au préfet afin de réclamer l'abrogation sous 72 heures de cette autorisation accordée à la ville et a averti : «A défaut, nous engagerons une requête en annulation, en urgence, devant le tribunal administratif.»

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