France

Jean-Luc Mélenchon qualifie «d'abrutis» des journalistes de France Info, Radio France porte plainte

Depuis plusieurs jours, des responsables insoumis ciblent plusieurs médias dont France info, fustigeant la propagation de «fausses informations» quant aux affaires secouant leur parti. Radio France réagit et porte plainte contre Jean-Luc Mélenchon.

Radio France contre-attaque par voie judiciaire, après que Jean-Luc Mélenchon a qualifié d'«abrutis» et de «menteurs» les journalistes qui enquêtent sur ses comptes de campagne présidentielle. Le leader de La France insoumise (LFI) et ses soutiens fustigent, depuis sa publication le 19 octobre, l'enquête de France Info (groupe Radio France), dénonçant la publication de «fausses informations». Dans cette enquête, France Info pointait du doigt les factures de la société de communication Mediascop encaissées auprès de LFI, lors de la campagne de 2017, tendant à prouver l'existence d'une pratique de surfacturations de la part du parti.

Le directeur de France Info, Vincent Giret, a dénoncé le 20 octobre une attaque «irresponsable» du leader insoumis. Annonçant le dépôt d'une plainte par Radio France, Vincent Giret a en outre écrit sur Twitter : «Après avoir attaqué le service public et France Info, Jean-Luc Mélenchon passe aux insultes, et aux appels "à pourrir" nos journalistes. Cet appel à la haine et à la violence est irresponsable. Défense absolue du professionnalisme et de l’intégrité de nos journalistes.»

Le syndicat Force ouvrière (FO) de Radio France a lui aussi annoncé qu'il allait porter plainte contre Jean-Luc Mélenchon. «Nos avocats avaient reçu mandat d’étudier une procédure liée aux propos diffamatoires de Jean-Luc Mélenchon, ils en étudient désormais une seconde pour cet appel à la haine et la violence contre une cible parfaitement identifiable, "les journalistes de France Info"», a souligné FO dans un communiqué.

La Société des journalistes (SDJ) de Radio France a pour sa part diffusé un communiqué dénonçant des «affirmations [qui] sont autant haineuses qu’imprécises et erronées». La SDJ a écrit à l'adresse du député de Marseille : «Vous qui déclariez en mars dernier que "la haine des médias était juste et saine", vous allez tellement loin que nous nous demandons quelles pourraient être les conséquences de tels propos. Si demain un ou une journaliste de Radio France se faisait physiquement agresser par une personne habitée d’une "haine juste et saine" et qui aurait mal interprété votre appel à "pourrir" des "abrutis", quelle serait alors votre réaction ?»

Pour Mélenchon, «les journalistes de France Info sont des menteurs, [...] des tricheurs»

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon a accusé le 19 octobre France Info de «mentir» en argumentant que les montants, mis en lumière par ce média, étaient en réalité peu élevés au vu des prestations finales. «Les journalistes de France Info sont des menteurs, sont des tricheurs et il y autour un système qui n'a même plus le recul professionnel de se dire "qu'est-ce qu'on est en train de raconter"», a-t-il ainsi martelé.

Visant par ailleurs les journalistes, tels Jean-Michel Apathie (qui n'est plus journaliste chez France Info), qui critiqueraient les sommes facturées par LFI lors de la présidentielle tout en étant payés grassement, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux citoyens : «Pourrissez-les partout où vous pouvez.»

Dans une autre intervention sur les réseaux sociaux, citée par l'AFP, Jean-Luc Mélenchon a déclaré que les journalistes de France Info enquêtant sur ses comptes de campagne avaient «l'air de ce qu'ils sont, c'est-à-dire d'abrutis» ajoutant : «Et tous les autres ont suivi sans réfléchir.»

En outre, ce 20 octobre, Sophia Chikirou, directrice de campagne de Jean-Luc Mélenchon durant l'élection présidentielle et patronne de Mediascop, accusée par France Info d'avoir «facturé très cher certaines prestations» à LFI, a défié sur Twitter l'un des journalistes responsables de l'enquête : «Je défie Sylvain Tronchet, pseudo journaliste d’investigation de Radio France, de venir s’expliquer face à moi sur BFMTV, puisqu’au moins la télé privée ne prétend faire du service public en faisant le service après vente de la Macronie.»

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