France

Comptes de campagne : Jean-Luc Mélenchon accuse Médiapart de s'immiscer dans sa vie privée

Au terme d'une semaine marquée par l'affaire des comptes de campagne de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a brocardé Mediapart après qu'il a été révélé que Sophia Chikirou se trouvait en sa compagnie lors d'une perquisition au petit matin.

«Agression» et «ignominie» : ce sont les qualificatifs retenus par Jean-Luc Mélenchon pour réagir à la publication par Mediapart d'un article sur «les premières découvertes des perquisitions Mélenchon», après la perquisition du domicile du candidat insoumis, ainsi que du siège de son parti, La France Insoumise (LFI). Le site d'investigation en ligne rapportait que, lorsque les policiers étaient arrivés au domicile de l'homme politique, le 16 octobre à 7h du matin, ils avaient découvert dans l'appartement Sophia Chikirou, la conseillère en communication de ce dernier et dirigeante de la société de conseil Mediascop, sur laquelle porte notamment l'enquête judiciaire sur les comptes de campagne 2017 de LFI. Le 19 octobre, elle a d'ailleurs été interrogée par les enquêteurs dans le cadre de l'enquête préliminaire.

En toute hypothèse, à l’état civil et aux impôts je suis célibataire. Et jusqu’à cet article je me croyais seul auteur de ma vie privée

«Le patron de La France insoumise et la communicante entretiennent en réalité de longue date, selon nos informations, une relation extra-professionnelle», révélait le média fondé par Edwy Plenel. «Celle-ci [la relation extra-professionnelle] pourrait relever de la seule vie privée des deux intéressés mais prend désormais, à la lueur des investigations judiciaires, une dimension d’intérêt général», a expliqué le site pour justifier sa décision de publier cette information.

Cette publication a suscité l'ire de l'ex-candidat à la présidentielle, qui avait réagit avec virulence aux perquisitions du siège de son parti. «Je m’attendais à une chose bien glauque», a fait savoir le jour de la diffusion de l'article l'ancien sénateur socialiste sur son compte Facebook, en vilipendant la façon de procéder de Mediapart qu'il ne pensait pas être capable de «manger de ce pain-là». «En toute hypothèse, à l’état civil et aux impôts je suis célibataire. Et jusqu’à cet article je me croyais seul auteur de ma vie privée», écrit-il aussi.

Dans une autre publication publiée le lendemain, il pointe du doigt le «personnage Plenel».

Lors d'une conférence de presse, le 19 octobre, Jean-Luc Mélenchon avait vivement attaqué le caractère «insidieux» et violateur» des questions qui lui étaient posées par les journalistes sur ses relations avec Sophia Chikirou. Elles sont «excellentes» avait-il alors ironisé, avant de remercier la presse pour la «qualité» de ses interrogations. «Ma vie privée ne vous regarde pas Madame, sinon on va parler de la vôtre aussi», rétorquait-il à une journaliste avant de quitter son pupitre.

Un «coup de force» du camp Mélenchon selon le procureur général

Dernier rebondissement en date dans l'affaire Mélenchon, Catherine Champrenault, procureur général de la cour d'appel de Paris, a dénoncé ce 20 octobre le «coup de force» contre les magistrats et policiers mené, selon elle, par le leader de LFI et ses militants lors des perquisitions du 16 octobre.

«J'apporte mon soutien aux magistrats et policiers», a dénoncé la magistrate sur Europe 1, pointant une tentative «d'entrave à l'action de la justice». «Personne n'est au-dessus des lois», a-t-elle ajouté.

Jean-Luc Mélenchon est visé par une enquête sur de présumés emplois fictifs d'assistants parlementaires européens, ouverte après les signalements de l'ex-eurodéputée Front national (FN) Sophie Montel en juin 2017. Jugeant la dénonciation «calomnieuse», Jean-Luc Mélenchon s'était étonné lors de son point presse qu'il soit le seul à être pris pour cible alors que «Madame Montel a dénoncé 17 autres personnes».

Une autre enquête porte sur ses comptes de campagne de la présidentielle de 2017. Elle a été lancée après deux signalements à la justice : l'un du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, l'autre de la cellule française de renseignement financier Tracfin. Jean-Guy de Chalvron est l'acteur central de cette deuxième enquête, celui-ci ayant démissionné de l'instance après avoir établi «de nombreuses divergences de fond» avec la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) en janvier 2018. Il avait été chargé d'éplucher les factures de Jean-Luc Mélenchon, pour l'élection présidentielle 2017. Dans le cadre de cette enquête, la justice doit déterminer si La France Insoumise a mis en place un système de surfacturation au bénéfice de Sophia Chikirou, par l’intermédiaire de sa société Mediascop.

Lire aussi : Mélenchon raille un accent, une députée LREM dégaine une proposition de loi contre la «glottophobie»