Bataille d'idées sur le plateau d'Interdit d'interdire. Frédéric Taddéï a effectivement lancé un vif débat : «L’immigration nous apporte-t-elle enrichissement ou appauvrissement ?» Le 26 septembre, un Manifeste pour l'accueil des migrants a été signé par 150 personnalités, dont Pierre Jacquemain, rédacteur en chef de Regards et invité sur le plateau. Celui-ci a notamment souligné que «les migrations n'étaient pas un problème [mais] plutôt une chance pour nos pays». Pierre Jacquemain a également assuré que «l'Europe avait les capacités d'accueillir [et] il fallait anticiper les politiques d'accueil sur le long terme».«L'urgence c'est l'accueil, l'Europe doit accueillir ces populations», a-t-il poursuivi.
Fortement opposée à cette vision, la directrice du magazine Causeur, Elisabeth Lévy, a dénoncé le fait qu'il y ait, en prenant pour exemple l'Aquarius, un «chantage, disant aux gens, c'est la mort ou l'accueil». «C'est un peu faux», a t-elle déclaré en s'en prenant directement au manifeste et s'adressant à Pierre Jacquemain : «La position de la gauche vous condamne en permanence à vouloir rééduquer les peuples. [...] Les discours de moralisation sur les migrations ont accompagné la progression de l'extrême droite.»
Alors que Jean-Luc Mélenchon a pour sa part refusé de signer le manifeste, l'orateur national pour La France insoumise (LFI) sur les questions internationales, Djordje Kuzmanovic, a estimé que «c'était les traités de libre-échange qui, en cassant les frontières, avaient permis toute une série de politiques néolibérales». Or, pour Djordje Kuzmanovic, s'il faut sauver les réfugiés en mer Méditerranée, il faut aussi aborder le sujet des «migrations intra-européennes» qui, par la voie des politiques néolibérales, «mettent en concurrence» les uns contre les autres. Un problème pour le militant LFI qui a fustigé par exemple «la position du patronat allemand» qui a pu embaucher, à travers ces migrations, avec des salaires «à 75 centimes [d'euro]». Selon lui, «le patronat, le Medef entre autres en France, est très volontaire pour mettre en concurrence les travailleurs».
A l'opposé de cette vision, l'analyste et membre du think tank Iref, Laurent Pahpy, a attesté «militer pour les migrations libres». Pour lui, les barrières migratoires sont le «principal fléau qui empêche des millions de personnes dans le monde de gagner en productivité». D'après Laurent Pahpy, «si on retire les barrières migratoires dans le monde entier on pourrait multiplier par deux ou trois le PIB mondial». D'après lui, les barrières seraient donc «le principal frein à la création de richesse».
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