Yann Moix a-t-il eu peur de relever le défi que lui avaient lancé les policiers, de les suivre dans un quartier difficile pour y réaliser un reportage ? L'histoire ne le dit pas ; quoi qu'il en soit, le chroniqueur et écrivain est revenu sur les propos polémiques qu'il a tenus le 22 septembre sur le plateau de l'émission Les terriens du samedi sur C8, esquissant des regrets. Il avait alors assené, à l'adresse des policiers : «Je suis moi-même spectateur du harcèlement que vous pratiquez sur des gens inoffensifs [...] parce que, effectivement, la peur au ventre, vous n'avez pas les couilles d'aller dans des endroits dangereux.»
C'est jamais bien les mots grossiers
Ce 25 septembre, celui qui avait assuré avoir constaté des violences policières dans la jungle de Calais lors de la réalisation d'un film sur place, a proposé une forme d'amende honorable sur LCI : «Je disais avec des mots grossiers que je regrette, parce que c'est jamais bien les mots grossiers [...], que la police n'a pas à venir dire sur les plateaux qu'elle a peur puisque le signal envoyé n'est pas le bon pour être respecté.»
Et le réalisateur de Podium et Cinéman d'admettre : «Cette façon triviale de parler n'est pas la bonne. J'ai manqué d'intelligence sur cette manière de s'exprimer. Personne n'est anti-flic dans cette histoire, être anti-flic n'a aucun sens et aucun intérêt.»
Reconnaissant une «erreur stratégique», Yann Moix a précisé n'avoir «absolument rien contre la police», tout en restant «absolument traumatisé par les violences policières [qu'il a] vues à Calais».
Le CSA saisi plus de 2 000 fois
Selon les informations de l'AFP, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a reçu «plus de 2 000» saisines depuis la sortie très remarquée de Yann Moix.
Des représentants des forces de l'ordre, en outre, avaient fait savoir leur indignation. La déléguée syndicale SGP-FO Police, Linda Kebbab, avait ainsi réagi au nom de ses collègues en estimant, sur le plateau de LCI le 23 septembre, que Yann Moix était un «sans couilles caché derrière son pupitre».
Dénonçant un raisonnement «à vomir», le syndicat Alternative police CFDT avait invité Yann Moix le 23 septembre à «faire un reportage avec les policiers dans les quartiers difficiles et s'en "prendre plein la gueule"». Et d'ajouter : «Et on verra bien s'il a "les couilles" de rester sur place.»
Enfin, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb avait jugé les propos de Yann Moix «intolérables».