Avec quelques mois de retard, Emmanuel Macron a dévoilé ce 13 septembre le plan pauvreté qui était annoncé pour juin 2018. Un couac d'agenda notamment dû à la Coupe du monde de football, le gouvernement ne souhaitant pas que l'annonce passe inaperçue.
Au plus bas dans les sondages, et éreinté par un été qui ne lui a pas été favorable, le «président des riches» comme il est parfois surnommé, trouverait-t-il le mois de septembre plus approprié pour décrire les grandes lignes de ce projet qui constitue un pas à gauche, s'agissant de la politique qu'il a menée jusqu'à présent ?
S'exprimant depuis le musée de l'Homme, Emmanuel Macron a en tout cas dévoilé son «plan ambitieux» de lutte contre la pauvreté, au coût annoncé de huit milliards d'euros : revenu universel d'activité, cantines à un euro, coup de pouce aux crèches en province et couverture maladie universelle étendue à plusieurs millions de personnes... Mais ces mesures suffiront-elles à convaincre l'opinion publique d'un cap plus social quelques mois avant l'échéance des élections européennes qui se dérouleront le 26 mai 2019 ?
Les Français seront-ils convaincus ?
En tout cas, le chemin sera long. Ces derniers mois du mandat présidentiel ont été marqué par les affres de l'affaire Benalla, les avanies de la vaisselle de l'Elysée et de la piscine de Brégançon, et des petites phrases révélatrices de l'état d'esprit du chef d'Etat, à l'instar de sa sortie sur «le pognon de dingue» que coûteraient les minima sociaux à la France.
En outre, concernant la grande annonce du jour, qui donnerait presque des airs de Benoît Hamon à Emmanuel Macron, il semblerait que le revenu universel d'activité ne corresponde pas exactement à l'idée socialiste d'un revenu universel : il s'agirait en fait de fusionner les prestations sociales, du RSA aux APL et de les soumettre à un «contrat d'engagement» de la part du bénéficiaire. Mais les contours de ce pacte prévu pour 2020 restent encore à définir.
Enfin, le problème de la pauvreté s'avère particulièrement important dans le pays. Le 11 septembre, le Secours populaire, associé à Ipsos, dévoilait sa dernière étude sur la précarité en France qui rappelait que huit millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France. Selon cette étude, 21% des sondés déclarent ne pas être en mesure de s’offrir une alimentation saine leur permettant de faire trois repas par jour et 19% d'entre eux éprouvent des difficultés à payer la cantine de leurs enfants. 39% des Français estiment par ailleurs avoir connu une situation de pauvreté. Ils étaient 2% de moins en 2017.