France

Macron va reconnaître la responsabilité de l'Etat dans la disparition de Maurice Audin en Algérie

Le chef de l'Etat devrait se rendre au domicile de la veuve du mathématicien communiste et militant pour l'indépendance de l'Algérie Maurice Audin, disparu en 1957. Le député LREM Cédric Villani a salué un «moment historique».

Confirmant une information du Monde, le député LREM Cédric Villani a fait savoir ce 13 septembre sur France Inter qu'Emmanuel Macron s'apprêtait à reconnaître «la responsabilité de l'Etat dans la disparation» du mathématicien communiste militant de l'indépendance de l’Algérie Maurice Audin, torturé par l’armée française et disparu sans laisser de traces en 1957.

En début d'après-midi, l'Elysée a officiellement communiqué, affirmant que Maurice Audin avait été victime «du système institué en Algérie par la France».

Selon Cédric Villani, qui a salué un «moment historique», le chef de l'Etat devrait se rendre au domicile de la veuve de Maurice Audin. «Il va reconnaître que la vérité est que Maurice Audin faisait partie de tous ceux qui ont été victimes d'un système», a ajouté le mathématicien, proche de la famille de Maurice Audin, arrêté le 11 juin 1957 pendant la bataille d’Alger.

Pour Marine Le Pen «Emmanuel Macron commet un acte de division»

Les réactions des politiques ont été vives après cette annonce. «Emmanuel Macron commet un acte de division, en pensant flatter les communistes», s'est ainsi indignée Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (RN, ex FN), au micro du Talk du Figaro. «Quel est l'intérêt pour le président de la République de rouvrir des blessures, en évoquant le cas de Maurice Audin ? Il souhaite surfer sur la division des Français, au lieu de les réunir dans un projet», a-t-elle ajouté.

Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, a réagi quant à lui sur RTL, en déclarant que s'«il ne faut jamais craindre la vérité, [...] il ne faut pas instrumentaliser l'histoire, ce qui est souvent un sport national français, pour se battre la coulpe à perpétuité».

Le maire de Béziers, Robert Ménard s'est pour sa part interrogé sur Twitter : «Et pour l'abandon des harkis ? Et pour les disparus d'Oran ? Je crois qu'on peut attendre encore longtemps. ..»

«La reconnaissance imminente par le président de la République de l'assassinat, sous la torture de l'armée française, du mathématicien communiste Maurice Audin est une victoire historique de la vérité et de la justice», a salué dans un tweet le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, se réjouissant qu'un «mensonge d'Etat qui durait depuis 61 ans tombe».

Le porte-parole du Parti socialiste et député, Boris Vallaud, «salue la décision du Président de la République de reconnaître la responsabilité de l'Etat dans la torture et la mort de Maurice Audin». L'élu de la 3e circonscription des Landes estime d'ailleurs que la «France est grande quand elle affronte sereinement tout son passé».

A la télévision privée Ennahar TV, le ministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants), Tayeb Zitouni, a qualifié  «d'avancée» et de «pas positif», la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans la mort sous la torture du militant communiste.

Contactée par l'AFP, la veuve de Maurice Audin, Josette Audin, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.

La disparition de Maurice Audin est l'une des plus mystérieuses de la guerre d'Algérie. Le 11 juin 1957, cet assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du Parti communiste algérien, suspecté d'aider le FLN, était arrêté, probablement par des parachutistes du général Jacques Massu, pendant la bataille d'Alger. Sa trace était perdue dix jours plus tard.

Aucune explication officielle ne sera donnée sur la disparition de ce père de trois enfants, si ce n'est «son évasion au cours d'un transfert».

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