France

Perchoir : le MoDem de Bayrou se rebiffe et nomme un candidat concurrent à Ferrand

C'en est assez. François Bayrou prévient que le MoDem ne servira pas de passe-plat à La République en marche. Le parti centriste aurait aimé être associé à la réflexion autour du remplacement de François de Rugy au perchoir et en fait un casus belli.

François Bayrou est-il en colère ? Dans les colonnes du Figaro paru le 11 septembre, le président du MoDem, brièvement ministre de Macron, semble amer et a livré son sentiment d'agacement concernant l'attitude du parti présidentiel. Surtout, la figure historique de l'UDF semble s'estimer flouée par un pouvoir qui écarte sa famille politique malgré les alliances qui avaient été nouées par le passé. Le MoDem n'aurait pas été associé à la réflexion sur la reprise de la présidence de l'Assemblée après le jeu de chaises musicales qui pourrait voir François de Rugy céder sa place à un autre macroniste : Richard Ferrand.

François Bayrou retient ses boulets rouges, mais à mi-mots, la colère transparaît : «Ce n'est pas une affaire de parti politique, même s'il faudrait de la considération réciproque, mais une grande inquiétude chez nos adhérents sur une certaine pratique gouvernementale. Pour eux, le sens de l'élection d'Emmanuel Macron, c'était un engagement de rupture avec les pratiques anciennes et l'invention de pratiques politiques nouvelles.»

Et l'éphémère ministre de la Justice d'ajouter : «C'est le "en même temps" qu'on voit encore très bien dans certains secteurs comme l'éducation, mais qu'on ne ressent plus du tout dans d'autres.»

Le Béarnais s'était pourtant fait relativement discret au cours des derniers mois, se contentant à peine de critiquer le gouvernement lorsqu'il n'avait pas repris les engagements convenus avec le MoDem, notamment sur le renouvellement des pratiques politiques.

On voit passer les trains sans nous consulter. Par contre, on attend de nous de voter pour Ferrand ; là, ça suffit.

Le MoDem revendique-t-il un statut de partenaire stratégique en échange de ses votes à l'Assemblée ? Et si la fidélité se paie, est-ce là la manifestation du «renouvellement» des pratiques politiques ? Le député des Hauts-de-Seine Jean-Louis Bourlanges a pour sa part déploré : «Le MoDem n'est même pas considéré comme un partenaire tout court.»

«Si les adhérents MoDem ont le sentiment d'être mis de côté comme mouvement, ça créera une émotion très grande», a pour sa part ajouté François Bayrou.

Le Figaro rapporte également les propos d'un député MoDem sans le nommer, qui éclairent la situation : «On voit passer les trains sans nous consulter. Par contre, on attend de nous de voter pour Ferrand ; là, ça suffit.»

Signe qui ne trompe pas sur la relation entre MoDem et République en marche : le parti de François Bayrou a décidé de présenter un candidat, le patron du groupe Modem à l’Assemblée Marc Fesneau, pour le perchoir. Il entrera donc en concurrence avec le candidat pressenti du parti présidentiel : le fidèle macroniste Richard Ferrand.

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