Emmanuel Macron s'est senti obligé de rectifier le tir après des propos controversés destinés au peuple français, qualifié de «Gaulois réfractaires au changement», et prononcés le 29 août lors d'une visite officielle au Danemark.
Face au tollé qu'il a déclenché, tant chez les citoyens que chez ses adversaires politiques, il a dû prendre la parole le 30 août depuis Helsinki en Finlande lors d'une conférence de presse, pour réaffirmer son amour pour ses compatriotes, la culture française et se défendre de tout mépris.
Je les aime, ces tribus gauloises
«Il faut prendre un peu de distance avec la polémique et les réseaux sociaux», a lancé Emmanuel Macron. «J'aime la France et les Français, n'en déplaise, et je l'aime dans toutes ses composantes. Je les aime, ces tribus gauloises, j'aime ce que nous sommes», a-t-il ajouté, forçant encore le trait après des déclarations contradictoires ces derniers jours sur le renforcement de l'identité des peuples et «en même temps» leur appartenance au creuset unique de l'Europe.
Il a ajouté : «Je suis toujours étonné de voir les gens qui pensent que c’est mépriser les Français de dire qu’ils ont été des tribus gauloises.» Il n'a pas hésité à s'identifier aux immobilistes : «Je l’ai toujours dit : nous sommes un pays, et moi le premier, qui n’aime pas les changements, les ajustements permanents. Mais on est un pays qui, dans les moments graves de l’Histoire, sait se transformer en profondeur parce que le pays est plus grand que lui-même. C’est l’histoire de notre pays.»
Il n'est pas certain que cette explication suffise à désenfler la polémique qui grondait depuis la veille, tant le président français est habitué aux sorties de route et petites phrases perçues comme de l'arrogance. Le mandat du chef de l'Etat a jusqu'ici été marqué, notamment sur la forme, par des propos attestant d'une rupture avec les citoyens. La comparaison pour le moins audacieuse entre les Danois, «peuple luthérien» ouvert aux transformations, et les Français immobilistes et passéistes a été unanimement conspuée par la classe politique.
Laurent Wauquiez, le président des Républicains, Alexis Corbières et Clémentine Autain, députés insoumis, Nicolas Dupont-Aignant, fondateur de Debout la France ou encore Florian Philippot, chef des Patriotes, se sont tous irrités, parfois avec à leur tour des «traits d'humour» comme chez Olivier Besancenot, le fondateur du Nouveau Parti anticapitaliste. Ils ont eu à cœur de rappeler d'autres saillies du président qui avait déjà traité au gré de ses déplacements certaines catégories de Français d'«alcooliques», d'«illettrés», de «fainéants» ou de «gens qui ne sont rien».
Laurent Wauquiez considère que la sortie du président français est «inadmissible».
Alexis Corbières parle quant à lui d'une «sottise confondante», reprochant le mépris d'Emmanuel Macron pour ses concitoyens.
La députée insoumise Clémentine Autain y voit une «nouvelle saillie de mépris» et une essentialisation des Français.
Le président de Debout la France a rappelé les précédentes sorties du président sur les «alcooliques», les «illettrés».
Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, a lancé : «Les "Gaulois" vont se faire un plaisir de répondre à son arrogance et à son mépris !»
Florian Philippot a lui aussi rappelé le mépris du locataire de l'Elysée.
Olivier Besancenot a décidé d'amorcer une réponse sur le ton de l'humour, reprenant une image d'Assurancetourix, le barde du village d'Astérix et Obélix.
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