France

A l'aune de la catastrophe de Gênes, l'alarmant état des ponts en France

Demandé il y a quelques semaines, un rapport inquiétant sur l'état du réseau routier français a été remis au gouvernement. Si celui-ci aurait pu passer incognito, il interpelle, quelques jours après la catastrophe du viaduc de Gênes.

Dans le contexte de la tragédie du viaduc de Gênes du 14 août en Italie, un rapport demandé quelques semaines auparavant par le gouvernement français sur l'état des ponts interpelle. En effet, le texte précise que «sur les 12 000 constructions gérées par l'Etat, un tiers nécessite des réparations». Le rapport précise également que dans «7% des cas [soit environ 840 ponts], les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d’effondrement et donc la forte probabilité de fermer préventivement ces ponts à la circulation des poids lourds ou de tous les véhicules».

RT France a pu recueillir l'avis de Christian Tridon, président du Syndicat des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement de structures (Strres). Pour l'expert, il faudrait également se pencher sur les ponts qui ne sont pas gérés par l'Etat mais bien par les collectivités territoriales, qui ne figurent pas dans le rapport. L'addition des deux donne un chiffre total d'environ 200 000 ponts en France.

«Quelque soit sa technicité, un pont nécessite une surveillance régulière», note le spécialiste. Selon lui, la valeur neuve des 200 000 ponts français équivaut à environ 200 milliards d’euros. «On estime tous qu'il faudrait au moins 1,5% de cette somme que l'on consacrerait à la surveillance et à l'entretien, la maintenance des structures», ajoute-t-il. Et de préciser : «A cette somme il faudrait rajouter la remise en état des ouvrages, ce que l'on n'a pas vu depuis longtemps.»

Sur le territoire français, c'est à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, que remonte le dernier incident majeur impliquant un pont. Au courant du mois de mai 2018, un mur de soutènement du viaduc s'était affaissé du côté d'Argenteuil. Si l'incident n'avait fait aucune victime, il avait provoqué la fermeture de l'autoroute A15. 

Le rapport remis au gouvernement explique que 6% des ouvrages gérés par le gouvernement pourraient être mis «hors service» d'ici deux décennies si l'Etat ne réagit pas. Elisabeth Borne, ministre des Transports, assure pour sa part qu'un texte est en préparation.

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