Jean-Claude Gayssot, ancien ministre communiste des Transports et actuellement président du port de Sète (Hérault), a annoncé dans un entretien accordé à France Bleu le 13 août que l'institution qu'il dirige était prête à accueillir les 141 migrants secourus en mer Méditerranée par le fameux navire Aquarius le 11 août.
Jean-Claude Gayssot a précisé : «La seule condition, c'est d'abord le feu vert des autorités françaises. Je comprends que les choses sont complexes, y compris qu'il faut combattre les passeurs. Mais là, il s'agit de vies humaines. Tout doit être second par rapport à l'humain, par rapport à sauver des vies, des familles, des femmes et des enfants.»
Le bateau, affrété par l'association SOS Méditerranée et qui s'était trouvé au cœur d'une polémique au mois de juin pour son engagement en butte avec les politiques migratoires de pays européens tels que l'Italie et Malte, est de nouveau à la recherche d'un «port sûr». Il a été refusé une nouvelle fois par les autorités italiennes et maltaises et se trouve dans l'attente de savoir quel port l'acceptera. A son bord se trouvent 141 migrants secourus au large de la Libye qui proviennent principalement de Somalie et d'Erythrée, selon un communiqué de l'ONG.
Gauche, RN et une députée LREM veulent qu'Emmanuel Macron prenne position
En France, à gauche de l'échiquier politique, l'on presse Emmanuel Macron de faire un geste en faveur de ces migrants. A la pointe de ce combat, le candidat malheureux à l'élection présidentielle 2017, Benoît Hamon qui dirige le mouvement politique Génération·s. Dans un communiqué, il «demande solennellement à Emmanuel Macron d'ouvrir un port français [à l'Aquarius], aujourd'hui et pour ses prochaines missions».
Et Benoît Hamon de dénoncer une dérive de la part du président de la République, qui «cède en réalité avec une faiblesse et une complicité coupables aux pressions de monsieur Salvini [ministre de l'Intérieur italien] et de l’extrême-droite européenne et française».
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (ex-Front national), en a également appelé à la responsabilité du chef d'Etat français, mais a pour sa part estimé que, dans cette affaire, le président du port de Sète s'arrogeait des prérogatives qui ne lui revenaient pas entièrement : «Ce n'est pas au communiste Jean-Claude Gayssot, président du port de Sète, de décider de notre politique migratoire en accueillant l'Aquarius. L’Etat doit enfin envoyer le signal de fermeté qui s’impose et fermer nos ports à ces navires de migrants !»
Plus étonnant dans le paysage politique marcheur, Sonia Krimi, une élue LREM de la Manche, a choisi de monter au créneau sur le sujet, alors qu'elle était interrogée par FranceInfo : «Les étrangers ne sont pas un paillasson pour les politiques français pour s'essuyer les pieds.» Et de rabrouer toute tentation d'opportunisme électoral : «Il ne faut pas que les politiques entrent dans un jeu "Moi j'accueille, moi je suis plus sympa que l'autre", car la vie des gens n'est pas un jeu.»
Selon les informations de L'Obs, la députée, qui est originaire de Tunisie et n'a été naturalisée française qu'en 2012, se qualifie elle-même de «migrante économique.» Sonia Krimi s'était déjà fait entendre à propos de l'Aquarius par le passé et s'était également indignée de la politique migratoire menée par le gouvernement d'Edouard Philippe. Cependant, plutôt que de voter contre la loi asile-immigration, elle avait préféré s'abstenir. Emmanuel Macron, en villégiature d'été au fort de Brégançon, est resté silencieux sur cette nouvelle affaire Aquarius.