C’est l'homme qui a recruté Alexandre Benalla en tant que directeur de la sécurité du candidat pendant la campagne présidentielle 2017. Ludovic Chaker, surnommé le ninja, qui se chargeait à l’époque d’organiser les meetings d'Emmanuel Macron, est devenu depuis l’homme de l’ombre du président. Ses attributions suscitent de nombreuses questions et révèlent la structure opaque de la garde rapprochée présidentielle.
Une embauche en ombres chinoises
L'embauche de Ludovic Chaker auprès du chef de l'Etat n’aurait fait l’objet d’une publication au Journal Officiel. Le cabinet du président l’a défini au journal Le Monde comme «chargé de mission auprès du chef d’état-major particulier» d’Emmanuel Macron, mais il n’apparaît pas dans l’organigramme. Il serait en réalité aujourd'hui chargé du renseignement et du terrorisme auprès du chef de l’Etat, alors que ce dernier pouvait déjà se reposer sur le coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT), Pierre de Bousquet de Florian, ancien patron de la direction de la surveillance du territoire (DST). Ludovic Chaker, alors que la colère suscitée par l'affaire Benalla gronde, a supprimé son compte Twitter ce 24 juillet. Il s'y définissait avant la disparition du profil comme le «coordinateur des opérations de campagne».
Ce diplômé en sciences politiques, passé par l'Inalco, amateur de culture asiatique et adepte d’arts martiaux, ancien consultant, a aussi plus discrètement occupé des fonctions militaires, qui ne figurent pas sur son profil professionnel LinkedIn mais au journal officiel. Commandant de l'armée de Terre, il a aussi été rattaché au Commandement des opérations spéciales au service des «actions indirectes à l’étranger».
Après de brefs débuts en politique – il s’était présenté aux législatives de 2012 dans la 11e circonscription des Français à Hong Kong et n’avait écopé que d’un score médiocre – il a rallié les rangs de la République En Marche en 2016, grâce à son ami Ismaël Emelien, un des fondateurs du parti, désormais conseiller spécial à l’Elysée. Ludovic Chaker est devenu salarié de LREM, officiant en tant que premier secrétaire général. Il organisait les meetings et attirait les bénévoles.
Le recruteur d'Alexandre Benalla
Selon les informations du Monde, c’est lui qui a recruté Alexandre Benalla en décembre 2016. Ludovic Chaker a recueilli pour ce faire l’assentiment de Jean-Marie Girier, directeur de cabinet de Gérard Collomb à Lyon, devenu directeur de la campagne d’Emmanuel Macron et aujourd'hui directeur de Cabinet du ministre de l’Intérieur. Alexandre Benalla devient alors directeur de la sécurité du candidat. Ludovic Chaker l'a appuyé lorsqu'il a souhaité commander des armes non létales à la fin de la campagne, une demande qui lui a été refusée par Jean-Marie Girier.
Avant le scandale, les deux hommes de la garde rapprochée du président, occupant des fonctions stratégiques aux contours flous, étaient toujours aussi proches. Le Monde affirme qu’ils réfléchissaient tous deux à la nouvelle structure chargée d’assurer la sécurité d’Emmanuel Macron, en parallèle du groupe de sécurité de la présidence de la République assuré par les gendarmes et policiers du (GSPR). Un projet de police personnelle conçu en toute discrétion, en naviguant dans la zone grise si décriée aujourd’hui.
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