Les deux actionnaires de l'hebdomadaire Charlie Hebdo sont en conflit. Riss, le directeur de la publication qui détient 66,7 % des parts, s'oppose à Eric Portheault, un ancien comptable devenu directeur général, qui détient 33,3 % des parts.
Comme le révèle BFM TV, c'est Eric Portheault qui serait à l'origine de la bisbille, après avoir envoyé sa lettre de démission ce 31 janvier. «C'est devenu psychologiquement trop lourd pour lui. Il était là lors de l'attentat, puis a assisté aux multiples conflits qui ont suivi. Riss l'a d'ailleurs encouragé à quitter ses fonctions», explique Arnaud Pericard, avocat d'Eric Portheault à BFM TV.
Les statuts du journal en cause
Le départ du directeur général entraîne obligatoirement le rachat de ses 33,3% du capital, les statuts de Charlie Hebdo permettant uniquement aux salariés d'être actionnaires. Pour établir un prix des actions, les statuts ont prévu une formule de calcul. Celle-ci est basé sur les fonds propres des trois années précédentes. Grâce à l'explosion des ventes de 2015 après les attentats, les parts d'Eric Portherault sont désoramis estimées à 1,8 millions d'euros.
Changer les règles en cours de partie est à la limite d'une fraude à la loi
«Cela laisse ensuite largement de quoi assurer la pérennité du journal, ce que tout le monde souhaite», avance son avocat à BFM TV, qui rappelle que cette formule a été mise en place après les attentats. Pourtant, Riss s'oppose à cette éventualité, qui impliquerait de puiser «dans le trésor de guerre» du journal. Il a a donc entamé une modification des statuts pour faire barrage à Eric Portherault.
«Changer les règles en cours de partie est à la limite d'une fraude à la loi», a déclaré l'avocat de l'ancien directeur général. C'est désormais devant la justice que l'affaire se poursuivra.