France

Les échanges glaçants entre le GIGN, Radouane Lakdim et le lieutenant-colonel Beltrame avant sa mort

Le Monde et Le Parisien ont reconstitué l'ensemble des événements de l'attentat de Trèbes du 23 mars, après avoir accédé au dossier d'instruction. Ils ont détaillé le déroulé des faits lors du huis clos entre le gendarme et Radouane Lakdim.

Le 23 mars 2018, les attaques de Trèbes et de Carcassonne auront coûté la vie à quatre personnes innocentes, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui avait héroïquement pris la place d'une otage, dans un supermarché. Le Monde et Le Parisien ont accédé au dossier d'instruction, dévoilant, le 22 juillet, les faits qui se sont déroulés lors du huis clos entre l'officier et le terroriste Radouane Ladkim.

Alors que l'assaillant retient une caissière en otage, le gendarme lui propose de la remplacer afin de la sauver. Le terroriste accepte. Le GIGN parvient ensuite à contacter Arnaud Beltrame sur son portable. Le Monde retranscrit l'échange :

«Je suis le lieutenant-colonel Beltrame, je suis l’otage.

- Bonjour Arnaud, je me présente je suis Bertrand, négociateur du GIGN.

- Oui, ça marche.

- Comment allez-vous ?

- Très bien. Vous savez qui je suis ?

- Oui, je sais qui vous êtes.

- Vous savez d’où je viens, OK, très bien, ça se passe très bien.

- Ça se passe très bien pour vous ?

- Oui.»

L'appareil est alors mis sur haut-parleur et la négociation entre le terroriste et le négociateur du GIGN débute.

«Alors j’ai demandé qu’on fasse un échange : le lieutenant-colonel gendarme contre Salah Abdeslam, Fleury-Mérogis.

- Ben, Radouane, vous savez très bien que ça ne se fait pas comme ça, non.

- Ah ben il faut vous bouger là-haut, on est là pour la mort […] en martyrs.»

Le négociateur tenterait de raisonner Radouane Lakdim pour qu'il imagine la tristesse de sa mère si elle apprenait sa mort. «Ma mère est pas comme moi, elle est comme vous. […] Je lui ai passé le message, elle ne veut pas comprendre, eh ben chacun sa tombe», réplique le djihadiste.

Résonnent alors les derniers mots du lieutenant-colonel : «Attaque… Assaut, assaut !» Suivent des bruits de lutte et des cris d’une ou deux personnes. «Qu’est-ce qu’il se passe ?», répète à trois reprises le négociateur du GIGN. «Arnaud c’est toi ? C’est toi qui fais ces bruits ? Tu es blessé ?», interroge-t-il de nouveau, puis s'adresse à Radouane Lakdim : «Je te demande juste encore une fois d’avoir à l’esprit que ta maman est dehors et qu’elle est triste de cette situation.» Entendant des «bruits de râle», le négociateur tente en vain de questionner : «Si tu es blessé, Arnaud, grogne un coup… C’est toi, Radouane, tout ce bruit ?».

«Des détonations se font entendre, deux coups de feu simultanés, puis un troisième», rapporte Le Monde. Le Parisien ajoute que le procès-verbal de la bande-son «ne permet pas de donner un minutage précis [entre les dernières paroles de l’officier et l’assaut], puisqu’il n’est pas horodaté». Lors de l'intervention du GIGN, Radouane Lakdim est abattu, Arnaud Beltrame, quant à lui, gît au sol, atteint par plusieurs coups de couteau à la gorge. Il décédera quelques heures plus tard à l'hôpital.

Mi-avril, le journal Le Parisien, reprenant les premières conclusions de l'enquête judiciaire sur cette attaque terroriste, avançait que dix longues minutes s'étaient écoulées entre le moment où le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame avait crié «assaut, assaut !» et le déclenchement de l’intervention menée par l’antenne locale du GIGN.

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