«Cette façon, extraordinairement vulgaire, de prendre le peuple pour une dupe» : un simple tweet critiquant l'attitude d'Emmanuel Macron lors du triomphe de l'équipe de France au Mondial a déclenché un déferlement d'insultes à l'égard de la journaliste Aude Lancelin, ancienne directrice adjointe de la rédaction de L'Obs désormais à la tête de la webTV Le Média.
«Ta gueule connasse», «Conne décérébrée», «T'es une vraie merde», «Achète toi une corde bien solide», des réactions plus injurieuses les unes que les autres ont été compilées par plusieurs internautes, et dénoncées notamment par le journaliste Paul Moreira.
Certains commentateurs ont souligné l'absence de réaction de la profession, voire l'hypocrisie de certains journalistes, d'habitude très à cheval sur les questions de harcèlement sur les réseaux sociaux, notamment à destination des femmes, médiatiques ou non.
D'autres ont noté que nombre d'entre eux n'avaient pas hésité à se joindre à la meute, prenant encore moins de gants que le magazine Closer, qui titrait le 16 juillet sans cacher son parti pris : «Photo de l'explosion de joie d'Emmanuel Macron : la réaction la plus aigrie est signée de la journaliste Aude Lancelin.»
Pourtant, la profession n'avait pas hésité en novembre dernier à soutenir la journaliste Nadia Daam, victime d'insultes après avoir fait une chronique radio où elle s'en prenait aux internautes des forums du site jeuxvideo.com. Un certain nombre de ses confrères avaient même lancé une pétition pour la soutenir.
Il y a quelques mois, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a rendu à Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, un rapport selon lequel les femmes sont des cibles de choix pour les harceleurs en ligne, réclamant des mesures.