Une commission d'enquête parlementaire a préconisé, le 4 juillet, 33 mesures pour rendre les centrales nucléaires plus sûres face aux risques d'accidents et au terrorisme.
Renforcer le rôle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), contrôler la sous-traitance dans le secteur, envisager d'autres modes de stockage des déchets, mettre plus de gendarmes dans les centrales ou encore publier un programme prévisionnel des réacteurs à démanteler... Les députés se sont attaqués à de nombreux sujets, parfois techniques.
La commission avait été lancée début février pour faire le point sur les enjeux de sûreté (éviter les accidents) et de sécurité (contre les actes de malveillance) dans un pays qui compte de nombreuses installations nucléaires, avec ses 19 centrales ou encore l'usine de retraitement de La Hague.
Présidée par Paul Christophe (UDI-Agir) et ayant pour rapporteur Barbara Pompili (LREM), ancienne secrétaire d'Etat à la biodiversité, elle avait enchaîné les auditions et les visites de sites pendant cinq mois, allant même jusqu'au Japon.
Ces travaux font en effet suite à la catastrophe de Fukushima mais aussi à plusieurs intrusions sur des sites d'EDF de militants Greenpeace pour dénoncer le «risque nucléaire». Le 3 juillet encore, un drone de l'organisation a survolé une centrale proche de Lyon.
La publication intervient alors que la France, qui veut réduire sa dépendance à l'atome, est en en pleine élaboration de sa feuille de route énergétique pour les années 2019-2023 et 2024-2028.
Les députés recommandent «la connaissance même approximative d'un échéancier de démantèlement» des centrales, dont le coût et le financement restent problématiques.
Ils soulignent aussi que «la prolongation de l'exploitation du parc actuel n'est pas certaine, malgré la volonté affichée d'EDF» de prolonger la vie de ses réacteurs au-delà de 40 ans.
Autre question épineuse abordée : le projet «Cigéo» d'enfouissement en profondeur des déchets nucléaires à Bure (Meuse), dont le rapport souligne les «vulnérabilités certaines». Les députés préconisent ainsi d'explorer l'entreposage de longue durée «en subsurface», c'est-à-dire à faible profondeur.
Le rapport se penche aussi longuement sur la question de la sous-traitance, qui est devenue monnaie courante dans l'industrie nucléaire. Il recommande de «favoriser la réintégration des compétences au sein des entreprises exploitantes».
Enfin, les députés préconisent de créer une Délégation parlementaire au nucléaire civil dont les membres pourraient avoir accès aux informations classifiées nécessaires, à l'image de ce qui se fait déjà dans le domaine du renseignement.
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