Crise migratoire, Brexit, défense, zone euro... Alors qu'elles questionnent l'existence même de l'Union européenne, ces thématiques figurent au programme du Conseil européen du 28 et 29 juin. Lors d'un entretien accordé à France inter, Dominique de Villepin s'est montré particulièrement préoccupé par le rôle que la France devrait selon lui jouer dans un contexte européen chamboulé. Evoquant «le risque d’effacement de l'Europe dans le monde», l'ancien Premier ministre s'est interrogé sur les choix politiques d'Emmanuel Macron, n'hésitant pas à affirmer qu'il devait «changer de stratégie».
L'Europe se retrouve comme une variable d'ajustement du camp atlantique
Interrogé sur les potentielles issues du prochain sommet européen, Dominique de Villepin a déploré que l'Europe ne soit qu'une «variable d'ajustement du camp atlantique», coincée entre une politique américaine «imprévisible» et «la montée de la puissance chinoise». Rappelant l'accumulation des problèmes auxquels l'Union européenne doit faire face, l'ancien ministre estime que «l'existence même de l'Europe est posée sur la table du Conseil européen».
Le logiciel [d'Emmanuel Macron] doit changer, sa posture doit changer [...] il faut rétablir une relation avec les Français de davantage de justice et d'unité nationale.
«Le moteur franco-allemand n'avance plus [...] Il faut trouver d'autres façons d'avancer». Faisant ce constat, Dominique de Villepin a commenté les choix politiques d'Emmanuel Macron en ces termes : «La stratégie [d'Emmanuel Macron] est mise en cause par les nouvelles circonstances [...] la transformation de l'Europe fait défaut [...] Son logiciel doit changer, sa posture doit changer, sa relation avec les Français doit changer, il faut rétablir une relation avec les Français de davantage de justice et d'unité nationale.»
Dominique de Villepin a par ailleurs commenté le succès des populistes en Europe, qu'il a expliqué par un «nationalisme exacerbé» correspondant à un «opportunisme». Il a aussi regretté l'incapacité des «démocraties libérales» à apporter une juste réponse, «soit parce que nous avons navigué d'une posture à l'autre, [et que] nous avons manqué de cohérence ; soit parce que nous n'avons pas accepté de nous y confronter paisiblement à travers les règles et les valeurs». L'ancien ministre s'est toutefois montré catégorique sur «les impasses du nationalisme», évoquant le «silence» actuel de «ceux qui ont plaidé pour le Brexit».
L'Europe prend l'eau de partout [...] L'Europe s'efface
Enfin, Dominique de Villepin a rappelé le contexte des sanctions américaines contre l'Iran : «On est absent du match [...] L'Europe prend l'eau de partout [...] L'Europe s'efface [...] Je voyage toute l'année à travers le monde, je peux vous dire que l'avis des Européens ne pèse pas grand-chose.»
L'ancien Premier ministre a aussi insisté sur les enjeux majeurs qui seront abordés lors du Conseil européen du 28 et 29 juin, où l'entente est loin d'être gagnée sur toutes les questions. La chancelière allemande excluait par exemple le 22 juin qu'une «solution» européenne puisse être trouvée sur la question migratoire lors du sommet.
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